Épitaphe pour la reine Marie-Thérèse

Tremble qui que tu sois, & regrette en ce lieu

Une Reine deux fois par le Ciel couronnée,

Fille d’un puissant Roy, femme d’un demi-Dieu,

De ses beaux jours trop tôt la course fut bornée,

Sa douceur, sa bonté, toutes ses actions,

Firent de l’Univers les admirations,

Sa pieté brilloit plus que son diademe.

Elle vécut en sainte, elle est morte de même,

Et le sacré Réduit que tu vois revêtu

De l'éclat des grandeurs de cette Souveraine

    Est moins le Tombeau d’une Reine

    Que le Temple de la Vertu.

SOURCES

A. Recueil des plus belles epigrammes des poëtes françois, Paris, Le Clerc, 1698, Tome Premier, p. 270

B. Boscheron, "La Vie de Philippe Quinault, de l’Académie Françoise", dans Ph. Quinault, Le Theatre de Quinault [...], Paris, Pierre Ribou, 1715, p. 54

C. Nouveau recueil des épigrammatistes françois, anciens et modernes, Par Mr. B.L.M, Amsterdam, Westein, 1720, Tome II, p. 97

ATTRIBUTION

Selon la Vie de 1715 (source B), Quinaut fit l'épitaphe pour un service que l'Académie Française fit faire pour la reine, "sur la fin de l'année 1683" (p. 53).

Dans les sources A et C, ces vers sont anonymes.

VARIANTES

Source B :

- v. 1, Tremble qui que tu sois, & respecte en ce lieu

- v. 5, Sa bonté, sa douceur, toutes ses actions

- v. 6, Furent ...

- v. 9, Et ce sacré ...

- v. 10, Des dernieres grandeurs de cette Souveraine

Les sources A et C sont identiques, sauf la ponctuation et les majuscules.

Ces vers furent sans doute écrits peu de temps après la mort de la reine, le 30 juillet 1683. Elle fut enterrée à Saint-Denis le 1er septembre ; le tombeau fut détruit pendant la Révolution. Le cénotaphe qui est actuellement dans la basilique ne comporte pas cet épitaphe.