Lepeintre

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     L'homme de lettres Pierre-Marie-Michel Lepeintre-Desroches (1785-1847?) était responsable de la collection Suite du Répertoire du Théâtre Français, publiée par la veuve Dabo en 1822. Quinault figure dans le tome 2 des "Poètes du second ordre" et dans les tomes 1 et 2 des Grands Opéras. C'est une bonne indication de la réputation dont il jouissait dans les premières années du XIXe siècle  : presque tous les livrets étaient admirés, mais seule La Mère coquette mérite l'inclusion dans le Répertoire, comme pièce du second ordre.

     Le tome 1 des Grands Opéras commence par un Précis Littéraire et Historique sur l'Opéra, qu'on trouvera ci-dessous. Il y a aussi deux notices sur Quinault : 


PRÉCIS HISTORIQUE ET LITTÉRAIRE SUR L’OPÉRA

 

[p. 13]

[...] Après la mort de Molière, le roi donna à Lulli la salle du Palais-Royal. L’association de Quinault, avec ce célèbre musicien, donna un grand éclat á l’Opéra ; et ce n’est que depuis cela qu’il devint d’une grande importance. Auparavant la poésie de tous les opéras français était on ne peut plus mauvaise; ce fut réellement Quinault qui la tira de la barbarie pour la porter à sa perfection. Il fut le Corneille du théâtre lyrique ; il en fut aussi le Racine. En s’écartant du goût, de la forme et de la coupe ordinaires des opéras italiens, il créa un nouveau genre, conforme à l’esprit et au goût de la nation. Il imagina des actions tragiques liées à des danses, au mouvement des machines et aux changemens de décorations. Tout ce que la passion de l’amour peut fournir de vivacité, de tendresse et d’expressions fortes de sentimens; tout ce que la mythologie offre de merveilleux fut employé par ce grand poëte dans les immortelles compositions lyriques ou il est resté sans égal. Cependant on a été long-tems avant de lui rendre justice, et il n’y a pas quatre vingts ans qu’on ne le regardait pas comme un poëte au-dessus dụ commun.

[…]

[p. 14] [...] mais s’il [Lully] eut de son vivant, une réputation qui ne lui a guère survécu ; celle du poëte, au contraire ne brilla que long-tems après sa mort,

[…]

[p. 19] On ne doit pas s’attendre à trouver dans la partie de notre collection, qui contient les drames lyriques, toutes les pièces qui sont restées au répertoire de l’Académie royale de musique. Elles sont en grand nombre, mais les trois quarts ne se soutiennent que par la musique : c’est la seule raison qui les a fait reparaître sur la scène. Nous ne pouvons donc reproduire que les opéras où l’on trouve un certain mérite littéraire, et qui puissent supporter la lecture. Il en est une foule que nous avons laissés de côté, parce qu’ils ne portent point le cachet du talent dramatique, que l’action en est languissante, ou le style faible, prosaïque et lâche. […] [p. 20] Nous avons donc réduit à un très-petit nombre les pièces du théâtre lyriques que nous avons fait entrer dans ce recueil ; mais en y rassemblant ainsi l’élite de ce que nos poëtes ont composé dans ce genre, nous croyons avoir rendu un service à la littérature et fait plaisir à tous les amateurs de l’art dramatique qui ont pu s’étonner que les éditeurs du premier Réper- [p. 21] toire n’y aient point fait entrer cette partie du Théâtre français.

Si l’on nous fesait observer que les pièces jouées à l’Opéra ne font point partie du Théâtre-Français, nous répondrions que cela est vrai, si l’on entend par cette dénomination l’ensemble de toutes les pièces jouées sur le théâtre royal qui porte ce nom, et qui est établi maintenant rue de Richelieu ; mais que nous devons appliquer à ces mots la signification littéraire qu’ils doivent avoir, c’est-à-dire, qu’ils doivent être employés pour exprimer l’ensemble de toutes les bonnes pièces écrites dans notre langue, et représentées sur tous nos théâtres quelconques. Le théâtre Français enfin, comme le théâtre Anglais, le théâtre Italien, le théâtre Allemand et le théâtre Espagnol se compose de tragédies, de comédies, de drames déclamés ; de tragédies, drames, comédies et pastorales lyriques, d’opéras-comiques et de Vaudevilles. Une branche de littérature qui doit son éclat á un poëte tel que Quinault, doit trouver sa place dans une collection dramatique telle que celle-ci.


Suite du Répertoire du theâtre français […]. Par M. Lepeintre, vol. XII / Grands Opéras, vol. I, Paris, Veuve Dabo, 1822, p. 1-2