Mme de Sévigné

La correspondance de Mme de Sévigné est une mine d’information sur les représentations des tragédies en musique de Quinault et sur leur réception. La marquise et ses correspondants parlent de ce qu'ils ont vu mais aussi de ce qu'ils ont lu, réagissent aux nouvelles qu'ils entendent. Qui plus est, elle cite les livrets de Quinault à mainte reprise (plus souvent qu'elle ne cite les tragédies de Racine, par exemple), les adapte à une grande variété de situations.

Les lettres sont citées d’après l’édition de la correspondance de Roger Duchêne, Bibliothèque de la Pléiade, 3 vol., Paris, Gallimard, 1972-1978.

J’ai vu Raymond [Mlle Raymond, cantatrice célèbre] chez la comtesse du Lude. Elle me chanta un nouveau récit du ballet [Psyché] ; il est admirable ; mais si vous voulez qu'on le chante, chantez-le.

[Il s'agit sans doute du récit de Flore qui ouvre le prologue de Psyché, "Ce n'est plus le temps de la guerre", que Mme de Sévigné aurait envoyé à sa fille.]

A Mme de Grignan, 18 février 1671, I, p. 160

D’Haqueville vous a envoyé une assez plaisante chanson dur M. de Longueville. C’est à l’imitation d’un certain récit de ballet que vous ne connaissez point, et que je vous ai dit qui était le plus beau du monde. Je le sais, et je le chante bien.

A Mme de Grignan, 20 mars 1671, I, p. 193

M. de La Rochefoucauld ne bouge plus de Versailles. Le roi le fait entrer et asseoir chez Mme de Montespan pour entendre les répétitions d'un opéra qui passera tous les autres ; il faut que vous le voyiez.

A Mme de Grignan, 20 novembre 1673, I, p. 623

On répète une musique d'un opéra qui effacera Venise. [Alceste]

A Mme de Grignan, 24 novembre 1673, I, p. 627

On répète souvent la symphonie de l'opéra [Alceste] ; c'est une chose qui passe tout ce qu'on a jamais ouï. Le Roi disait l'autre jour que, s'il était à Paris quand on jouera l'opéra, il irait tous les jours. Ce mot vaudra cent mille francs à Baptiste [Lully].

A Mme de Grignan, 1er décembre 1673, I, p. 630-631

On ne voit point encore les nouveaux princes ; on ne sait comme ils sont faits. Il y en a eu à Saint-Germain, mais il n'ont pas paru. Il y aura des comédies à la cour, et un bal toutes les semaines. On manque de danseuses. Le Roi dansera, et Monsieur mènera Mlle de Blois pour ne pas mener Mademoiselle, sa fille, qu'il laisse à Monsieur le Dauphin. On joue jeudi l'opéra [Alceste], qui est un prodige de beauté; il y a déjà des endroits de la musique qui ont mérité mes larmes. Je ne suis pas seule à ne les pouvoir soutenir ; l'âme de Mme de La Fayette en est alarmée.

A Mme de Grignan, 8 janvier 1674, I, p. 661

On va fort à l'Opéra [Alceste] ; on trouve pourtant que l'autre [Cadmus et Hermione] était plus agréable. Baptiste croyait l'avoir surpassé ; le plus juste s'abuse. Ceux qui aiment la symphonie y trouvent toujours des charmes nouveaux ; je crois que je vous attendrai pour y aller. Le bals de Saint-Germain sont d'une tristesse mortelle ; […].

A Mme de Grignan, 29 janvier 1674, I, p. 686

Ma fille est toujours languissante :

Le héros que j’attends ne reviendra […] [Alceste, prologue]

A Monsieur de Grignan, 22 mai 1674, I, p. 696

Il y a un opéra tout neuf qui est fort beau. [Thésée]

A Bussy-Rabutin, 20 janvier 1675, I,704

Vous aurez des airs de l'opéra. [Thésée]

A Mme de Grignan, 3 juillet, 1675, I, p. 751

Croiriez-vous bien que je viens de l’opéra [Thésée] avec M. Mme de Pomponne, l’abbé Arnauld, Mme de Vins, la bonne Troche, et d’Hacqueville ? […] [M. Arnauld] a été fort content.

[…] J'enverrai bientôt ces airs de l'opéra à M. de Grignan.

A Mme de Grignan, 26 juillet, 1675, II, p. 22-23

Je suis comme vous ; je ne comprends point bien l'amour de profession. L'été, il n'y a qu'à l'opéra où Mars et Vénus s'accordent si bien ensemble [Thésée]. Voilà les premiers actes de l'opéra. Quand vous en voudrez davantage, demandez-les à M. de Boissy : […] [Louis-Urbain Lefèvre, porte nom de Boissy-Saint-Léger]

[...] J'embrasse et je baise M. de Grignan ; c'est à lui que j'envoie l'opéra.

A Mme de Grignan, 7 août, 1675, II, p. 42-43

Je vais partir, belle Comtesse :

Je vais partir, belle Hermione,

Je vais exécuter ce que l’Abbé m’ordonne,

Malgré le péril qui m’attend. [parodie de Cadmus et Hermione, II, 4]

A Mme de Grignan, 9 septembre 1675, II, p. 97

N’avez-vous point peur de Ruyter ?

Ruyter est le dieu des combats :

Guitaut ne lui résiste pas. [parodie d’Alceste, V, 1]

A Mme de Grignan, 13 octobre 1675, II, p. 127

Ma bonne, Forbin et lui ont touché le cœur de deux dames de Rennes, toutes deux sœurs : ce sont les marquises de Guémadeuc et de Coëtlogon. Ce sont d’inconstantes amours :

Nos champs n’ont point de fleurs plus passagères.

Mais il ne veulent point perdre la saison d’aimer. [citation d’Alceste, V, 6)

A Mme de Grignan, 10 novembre 1675, II, p. 155

Le petit frater est encore à Rennes ; il aura trouvé là quelque amusette. Il serait tout prêt à faire et à nier encore un adieu de Cadmus.

A Mme de Grignan, 29 décembre 1675, II, p. 204

Je suis comme vous, ma bonne, je crois toujours voir la vieille Médée, avec sa baguette, faire fuir, quand elle voudra, tous ces vains fantômes matériels. On disait que M. de la Trousse en voulait à la maison visum-visu, mais je ne le crois point délogé, et je chanterais fort bien le contre-pied de la chanson de l’année passée :

La Trousse est vainqueur de Brancas ;

Têtu le lui résiste pas… (bis)

De lui seul Coulange est contente ;

Que chacun chante. (bis) [parodie d’Alceste, V, 1]

A Mme de Grignan, 29 décembre 1675, II, p. 206

Elle [Mme de Lafayette] dit beaucoup de mal des vers du nouvel opéra [Atys], et j'y consens volontiers sans les voir.

A Mme de Grignan, de Charles, à la fin de la lettre de sa mère, 12 janvier 1676, II, p. 224

Nous avons lu les vers de l'opéra [Atys]. Jamais vous n'avez entendu parler d'un goût si corrompu que le nôtre, depuis que nous sommes en Bretagne ; nous trouvons l'oraison funèbre de Monsieur de Tulle fort belle, et nous trouvons l'opéra de cette année incomparablement au-dessus de tous les autres. Pour vous dire la vérité, comme nous ne l'avons que depuis hier, nous n'avons encore lu que le prologue et le premier acte, que nous honorons de notre approbation.

A Mme de Grignan, de Charles, à la fin de la lettre de sa mère, 19 janvier 1676, II, p. 227

Je vous soutiens que ces deux premiers actes de l'opéra [Atys] sont jolis, et au-dessus de la portée ordinaire de Quinault ; j'en ai fait tomber d'accord ma mère ; mais elle veut vous en parler elle-même. Dites-nous ce que vous y trouverez de si mauvais, et nous vous répondrons, au moins sur ces premiers actes ; car pour l'assemblée des Fleuves, je vous l'abandonne.

A Mme de Grignan, de Charles, à la fin de la lettre sous la dictée de sa mère, 2 février 1676, II, p. 233

Je vais partir de cette ville,

Je m’en vais mercredi tout seul à Charleville,

Malgré le chagrin qui m’attend. [parodie de Cadmus et Hermione, II, 4)

Je n’ai pas jugé à propos d’achever ce couplet, parce que voilà toute mon histoire dite en trois vers.

A Mme de Grignan, de Charles, à la fin de la lettre de sa mère, 10 avril 1676, II, p. 267

J'ai été hier à l'opéra avec Mme de Coulanges et Mme d'Heudicourt,< M. de Coulanges, l'abbé de Grignan et Corbinelli ;> il y a des choses admirables. Les décorations passent tout ce que vous avez vu, les habits sont magnifiques et galants. il y a un Sommeil et des Songes dont l'invention surprend. La symphonie est toute de basses et de tons si assoupissants, qu'on admire Baptiste sur nouveaux frais, mais Atys est ce petit drôle qui faisait la Furie et la Nourrice [dans Cadmus et Hermione] ; de sorte que nous voyons toujours ces ridicules personnages au travers d'Atys. Il y a cinq ou six petits hommes tout nouveaux, qui dansent comme Faure, de sorte que cela seul m'y ferait aller ; et cependant on aime mieux Alceste ; vous en jugerez, car vous y viendrez pour l'amour de moi, quoique vous ne soyez pas curieuse. […] Il y a des applications sur des airs de l'opéra, mais vous ne les savez point.

A Mme de Grignan, 6 mai 1676, II, p. 285-287

Mme de Montespan est « […] en un mot, une triomphante beauté à faire admirer à tous les ambassadeurs. »

A Mme de Grignan, 29 juillet 1676, II, p. 352

Si votre retour ne vous paraît pas nécessaire pour lui [à sa mère] redonner sa santé, sachez qu’il l’est fort pour l’y maintenir, et l’un vaut bien l’autre.

Venez, reine des Dieux,

Venez, favorable Cybèle. [parodie d’Atys, I, 7]

Vous nous paraîtrez bien descendue des cieux. Mais quoique vous veniez sans équipage, vous ne vous trouverez pas tombée des nues ; maman mignonne a pourvu à tout.

A Mme de Grignan, de Charles, à la fin de la lettre de sa mère, 23 octobre 1676, II, p. 433

« Ah ! ma fille, quel triomphe à Versailles ! quel orgueil redoublé ! quel solide établissement ! quelle duchesse de Valentinois ! quel ragoût, même par les distractions et par l’absence ! quelle reprise de possession ! Je fus une heure dans cette chambre. Elle était au lit, parée, coiffée, elle se reposait pour le medianoche. Je fis vos compliments ; elle répondit des douceurs, des louanges. Sa sœur en haut, se trouvant en elle-même toute la gloire de Niquée, donna des traits de haut en bas sur la pauvre Io, et riait de ce qu’elle avait l’audace de se plaindre d’elle. Représentez-vous tout ce qu’on orgueil peu généreux peut faire dire dans le triomphe, et vous en approcherez. On dit que la petite reprendra son train ordinaire chez Madame. Elle s’est promenée, dans une solitude parfaite, avec la Moreuil, dans le jardin du maréchal du Plessis ; elle a été une fois à la messe. »

A Madame de Grignan, 11 juin 1677, II, p. 462

Io a été à la messe. On l’a regardée sous cape, mais on est insensible à son état et à sa tristesse. Elle va reprendre sa pauvre vie ordinaire. Ce conseil est tout simple ; il n’y a point de peine à l’imaginer. jamais triomphe n’a été si complet que celui des autres ; il est devenu inébranlable, depuis qu’il n’a pu être ébranlé. Je fus une heure dans cette chambre ; on n’y respire que la joie et la prospérité. Je voudrais bien savoir qui osera s’y fier désormais.

A Madame de Grignan, 15 juin 1677, II, p. 465

La belle Isis est au Bouchet. Le repos de la solitude lui plaît davantage que la cour ou paris. Elle passa une nuit dans les champs, en faisant ce petit voyage, par un carrosse rompu, et tout ce qui arrive quand on est en malheur.

A Madame de Grignan, 23 juin 1677, II, p. 473-474

Io est à la campagne, et n’a pu soutenir ce personnage simple, qui n’était pas praticable.

A Madame de Grignan, 25 juin 1677, II, p. 475

L’infortunée Io est au Pousset cez Matame te Clérempo. Elle a passé une nuit tans les samps, comme une autre Ariane. Ah ! où était Bacchus pour la consoler et pour faire briller sa couronne dans les cieux ? Hélas ! il était tranquille au comble de la gloire, et peut-être sur une haute montagne, où, selon l’ordre que Dieu a établi en ce monde, on trouve aussi une allée.

Charles, A Madame de Grignan, 25 juin 1677, II, p. 476

Io est dans les prairies en toute liberté, et n’est observée par aucun Argus, Junon tonnante et triomphante

A Madame de Grignan, 30 juin 1677, II, p. 479

Io est revenue à Versailles dès que Monsieur y est revenu ; cette nouvelle ne fait aucun bruit à Versailles.

A Madame de Grignan, 2 juillet 1677, II, p. 480

La pauvre Isis n’a point été à Versailles. Elle a toujours été dans sa solitude, et y sera pendant le voyage de Villers-Cotterets, où Monsieur et Madame s’en vont aujourd’hui. vous ne pouvez assez plaindre et admirer la triste aventure de cette nymphe. Quand une certaine personne en parle, elle dit ce haillon. L’événement rend tout permis.

A Madame de Grignan, 7 juillet 1677, II, p. 483

Nous avons parlé d’Isis ; l’imagination ne se fixe point à se représenter comme elle finira sa désastreuse aventure :

Terminez mes tourments, puissant maître du monde. [Isis, V, 1]

Si elle pouvait faire cette prière à Dieu, et qu’il voulût l’exaucer, ce serait l’apothéose.

A Madame de Grignan, 21 juillet 1677, II, p. 496-497

Isis est retournée chez Madame, tout comme elle était, belle comme un ange.

A Madame de Grignan, 28 juillet 1677, II, p. 506

Ce fut un spectacle admirable. Chacun regardait en l’air, et chantait sans doute :

Allons, allons, accourons tous,

Cybèle va descendre. [Atys, I, 1]

A Madame de Grignan, 6 août 1677, II, p. 516

Mme de La Sablière a bien pris le parti que vous estimez :

Rompons, brisons les tristes restes. [Alceste, III, 5]

A Madame de Grignan, 8 nobembre 1679, II, p. 731

L'opéra [Proserpine] est au-dessus de tous les autres. Le Chevalier dit qu'il vous en a envoyé plusieurs airs et qu'il a vu un homme qui doit vous avoir envoyé le livre ; vous en serez contente. Il y a une scène de Mercure et de Cérès qui n'est pas bien difficile à entendre. Il faut qu'on l'ait approuvée puisqu'on la chante ; vous en jugerez. L'affaire des poisons est tout aplatie; on ne dit plus rien de nouveau. […]

A Madame de Grignan, 9 février 1680, II, p. 833)

Je veux parler de l'opéra [Proserpine]. Je ne l'ai point vu (je ne suis point curieuse de me divertir), mais on dit qu'il est parfaitement beau. Bien des gens ont pensé à vous et à moi. Je ne vous l'ai point dit, parce qu'on me faisait Cérès, et vous Proserpine ; tout aussitôt voilà M. de Grignan Pluton, et j'ai eu peur qu'il ne me fît répondre vingt mille fois par son choeur de musique :

Une mère

Vaut-elle un époux?

C'est cela que j'ai voulu éviter, car pour le vers qui est devant celui-là:

Pluton aime mieux que Cérès,

je n'en eusse point été embarrassée. Tant y a, ma fille, je suis fort persuadée que nous nous retrouverons, et je ne vis que pour cela. […]

A Madame de Grignan, 1er mars 1680, II, p. 857)

Le premier coup d’œil est à redouter, comme dit M. Sanguin, mais il y a tant d’esprit, de mérite, de bonté, de manières charmantes qu’il faut l’admirer :

S’il faut honorer Cybèle,

Il faut encor plus l’aimer. [Atys, I, 8]

A Madame de Grignan, 20 mars 1680, II, p. 878

Jamais la chanson de l'opéra ne pourra vous convenir […] [sans doute « Une mère / Vaut-elle un époux ? » de Proserpine]

A Madame de Grignan, 21 mai 1680, II, p. 941

L’abbaye pourrait être si petite, le pays si détestable que vous feriez mal de l’y mettre, mais si cela n’est pas il me semble, à vue de pays, qu’elle serait mille fois mieux là qu’à Aix, où vous n’irez plus :

C’est pour Jupiter qu’elle change ;

Il est permis de changer. [adapté d’Isis, I, 5]

A Madame de Grignan, 9 juin 1680, II, p. 964

Mon fils me mande qu’il s’en va jouer au reversis avec son jeune maître ; cela me fait transir. Deux, trois, quatre cent pistoles s’y perdent fort aisément :

Ce n’est rien pour Admète, et c’est beaucoup pour lui. [adapté d’Alceste, III, 1]

A Madame de Grignan, 30 juin 1680, II, p. 991

[…] la fête sera des meilleures. Je la souhaite pour le bien de toute la maison, et que Guintrandi puisse beugler :

Que chacun ressente, etc. [Cadmus et Hermione, prologue]

A Madame de Grignan, 18 août 1680, II, p. 1050

Je ne sais quand on dansera ce ballet ; vraiment ce sera une belle pièce. [Le Triomphe de l’Amour]

A Madame de Grignan, 29 septembre 1680, III, p. 29

Il me paraît que le zèle de Mlle de Grignan ne se peut contenir sans être communiqué :

À peine tout son cœur peut suffire à l’amour. [adapté d’Atys, II, 2]

A Madame de Grignan, 6 novembre 1680, III, p. 55

Pour Madame la Dauphine, elle est déjà mieux, et le comte de Gramont disait hier au nez de Daquin :

Talbot est vainqueur du trépas ;

Daquin ne lui résite pas

La Dauphine est convalescente :

Que chacun chante, etc. [parodie d’Alceste, V, 1]

A Madame de Grignan, 8 novembre 1680, III, p. 56

Je vous dis donc adieu, Monsieur, après vous avoir supplié pourtant de ne pas tant luer le Roi, sur cette dernière action que nous vous avons mandée, que vous en oubliiez toutes les autres. Célébrons toujours son grand nom sur la terre et sur l’onde […]. [Isis, prologue]

A Madame de Grignan, 17 avril 1682, III, p. 83

Toute la colère allumée contre le premier a disparu à ce nom, et les armes me sont tombées de la mais comme celles d'Arcabonne quand elle reconnaît Amadis. [Amadis, III, 4]

A Mme de Grignan, 13 juin 1684, III, p.130

Je vous recommande l'opéra. Vraiment, vous êtes cruelle de donner en l'air des traits de ridicule à des endroits qui vous feront pleurer quand vous les entendrez avec attention. Pour moi, j'ai un respect infini pour les choses consacrées par les anciennes approbations.

A Madame de Grignan, 28 janvier 1685, III, p.173

J'avais été à la mascarade, à l'opéra, au bal; je m'étais tenue droite, je vous avais admiré, j'avais été aussi émue que votre belle maman, et j'ai été trompée.

A Louis-Provence de Grignan, 25 février 1685, III, p. 183-84

Quelle noce ! quelle magnificence ! quel triomphe !

Sangaride, ce jour est un grand jour pour vous. [Atys, I, 6]

A Madame de Grignan, 1er août 1685, III, p. 224

Mais voici le marquis qui revient de là-haut. je commençais à chanter :

Le héros que j’attends ne reviendra-t-il pas ? [Alceste, prologue]

A Madame de Grignan, 15 décembre 1688, III, p. 429

J’envoie un petit saint-esprit à M. de Grignan ; je veux qu’il vooooooooole jusque sur son justaucorps justement dans le temps que le courrier qui lui porte son cordon arivera. [référence aux vocalises fréquentes sur le mot voler, comme dans le prologue d’Isis (« Qu’il vole jusqu’au bout du monde »)].

A Madame de Grignan, 26 janvier 1689, III, p. 482

Vous étiez à votre opéra de Marseille : comme Atys est non seulement trop heureux, mais trop charmant, il est impossible que vous vous y soyez ennuyée. Pauline doit avoir été surprise du spectacle ; elle n’est pas en droit d’en souhaiter un plus parfait. [référence à Atys, I, 4]

A Madame de Grignan, 21 février 1689, III, p. 509

Tout va bien et, comme vous dites des huit cents francs :

Ce n’est rien pour Admète, et c’est beaucoup pour lui. [adapté d’Alceste, III, 1]

A Madame de Grignan, 25 février 1689, III, p. 516

Votre couplet est fort joli. C'est un trésor que cet air que nous a donné Arcabonne ; on y travaille avec une facilité et un succès qui fait plaisir. Je chante le vôtre, mais c'est intérieurement. [Il s'agit probablement de l'air d'Amadis, II, 1, « Amour, que veux-tu de moi »]

A Madame de Grignan, 25 mai 1689; III,603

J’ai envoyé un morceau de votre lettre à mon fils ; elle lui appartient.

Quand c’est pour Jupiter qu’on change [Isis, I, 5]

cet endroit est fort joli ; votre esprit paraît vif et libre.

A Madame de Grignan, 29 juin 1689, III, p. 631-632

Dumesnil a fait venir l'opéra d'Atys à Rennes ; il n'est pas en si grand volume, mais il est fort joli. [La belle-fille de Mme de Sévigné] y a été une fois. Elle en est contente, et encore plus d'être revenue ici.

A Madame de Grignan, 26 octobre 1689; III,736-37

[Le Maréchal d’Estrées] fait une chère épouvantable […]. Il y a vingt tables quasi de cette furie, et l’opéra d’Atys, que Dumesnil rend agréable, et des comédiens.

A Madame de Grignan, 6 novembre 1689, III, p. 748

On m’a mandé que M. de Luxembourg, voyant la victoire assurée, chanta tout naturellement entre ses dents, faisant une application bien aisée :

Sangaride, ce jour est un grand jour pour vous. [Atys, I, 6]

A Madame de Grignan, 19 juillet 1690, III, p. 919

Je vous disais aussi combien je hais ce Temple égaré, séparé, mal placé ; la déesse aura beau chanter :

Venez tous dans mon Temple [Atys, I, 8]

je n’irai pas souvent, quoique je le désire toujours.

A Madame de Grignan, 17 décembre 1690, III, p. 956

Nous sommes arrivés ici, mon cher cousin […] pas assez tôt pour avoir l’honneur et le plaisir de vous voir et de vous embrasser. Je me souvenais du vers de l’opéra :

J’aurai beau me presser, j’arriverai trop tard. [adapté d’Alceste, I, 1]

A Bussy-Rabutin, 27 janvier 1692, III, p. 986