Alemand

Louis-Augustin. Alemand (1653-1728) publia ses Nouvelles observations ou Guerre Civile des Français sur la langue (Paris, Langlois 1688) l'année de la mort de Quinault. On y voir clairement que, pour lui, Quinault figure parmi les meilleurs auteurs de l'époque.

   Je ne connais aucune occurrence de "aveque", de "ayeux" ni de "chef" dans les livrets de Quinault.


« Sur Avec, Avecque & Avecques. » (en faveur de avecque)

 Monsieur Despreaux n’est pas le seul, & encore un coup je n’auois jamais fait si je voulois rapporter toutes les toutes les autoritez que j'ay en main, non seulement des meilleurs Poëtes que nous avons perdu depuis peu, comme ont été le grand Corneille, M. de Segrais, M. Chapelain & quelques autres, mais même des vivans, comme M. Racine, M. Quinaut, M. Perrault & plusieurs autres Academiciens de la premiere classe. (p. 180)


« S’il faut dire & écrire Ayeux ou Ayeuls. »

Enfin on voit si generalement ayeux dans tous ceux qui ont écrit en Prose, je parle de ceux qui évrivent le mieux, que j’ay été surpris de l’assurance avec laquelle M. Menage nous a dit qu’il n’y a encore que les Poëtes qui ayent pris la liberté d’écrire ayeux pour la commodité de la rime, ce qui encore n’est pas veritable, car nos meilleurs Poëtes écrivent même ayeux au commencement & au milieu du vers & par conséquent sans y être forcez par la rime, comme nous venons de le voir dans ceux que nous avons cité de M. de Benserade & de M. Despreaux, on n’a d’ailleurs qu’à lire ceux de M. Racine & de M. Quinaut, & on verra que je dis vray & que M. Menage de trompe assurément. (p. 212)


« Si l’on peut dire Chef pour Tête. » (en faveur de chef en dehors du burlesque et du sacré)

Le chef de Meduse, c’est ainsi que parle M. de Benserade dans ses Métamorphoses, & M. de Quinault dans son opera de Persée, […] » (p. 345)


On trouve le même admiration pour Quinault dans les observations d'Alemand sur les Remarques de Vaugelas :

Il est vray que les meilleurs Poëtes du commencement & du milieu de ce siecle ont employé change pour changement, toutes les fois qu’ils ont eu besoin de raccourcir ce mot pour la mesure d'un vers. Il seroit trop ennuyeux d’en rapporter des exemples, cela est commun, & il n'est pas jusques au vieux Corneille qui a mis change en cette façon dans son Cid ; mais on ne voit pas ce mot dans nos derniers Poëtes, je veux dire les meilleurs, comme M. Racine, M. Despreaux, M. Quinaut, le jeune Corneille, M. de Fontenelle, & autres de cette trempe.

Nouvelles remarques de M. de Vaugelas sur la langue françoise. Ouvrage posthume. Avec des Observations de M. Alemand Avocat au Parlement.

Paris, Desprez, 1690, p. 237