Psyché

Livret de janvier 1671          Première édition de la pièce

La tragédie-ballet de Psyché fut créée au palais des Tuileries le 17 janvier 1671 et représentée plusieurs fois devant la cour jusqu'au 9 février suivant. Après avoir fait faire des travaux coûteux, la troupe de Molière la reprit à Paris, au Palais-Royal, le 24 juillet. Elle eut 82 représentations en trois séries : du 24 juillet au 25 octobre, du 15 janvier au 6 mars 1672 et du 11 novembre 1672 au 22 janvier 1673.

Si cette pièce, avec ses nombreux personnages et ses machines impressionnantes, ne fut pas reprise après 1673, on peut voir des indications de sa popularité dans la reprise de 31 numéros sur les 38 de la partition dans Le Ballet des ballets (décembre 1671), dans les recueils d'airs extraits de Psyché (voir, en haut de cette page les deux pages avec les paroles du livret de 1671 et de la pèce de Molière, rubrique sources), dans l'inclusion de plusieurs airs de Psyché dans les recueils poétiques du temps et dans l'utilisation de presque toutes les paroles et toute la musique dans l'opéra Psyché (1678 ; voir plus bas).

Comme on peut le lire dans "Le Libraire au lecteur" qui accompagne l'édition de 1671, Quinault joua un rôle important dans la composition des paroles :

Cet Ouvrage n’est pas tout d’une main. M. Quinault a fait les Paroles qui s’y chantent en Musique, à la reserve de la Plainte Italienne. M. de Moliere a dressé le Plan de la Piece, & reglé la disposition, où il s’est plus attaché à la beauté & à la pompe du spectacle, qu’à l’exacte regularité. Quant à la Versification, il n’a pas eu le loisir de la faire entiere. Le Carnaval approchoit, et les Ordres pressans du Roy, qui se vouloit donner ce magnifique Divertissement plusieurs fois avant le Caresme, l’ont mis dans la necessité de souffrir un peu de secours. Ainsi, il n’y a que le Prologue, le Premier Acte, la premiere Scene du second, & la première du Troisiéme, dont les vers soient de luy. Monsieur Corneille a employé une quinzaine au reste ; & par ce moyen Sa Majesté s’est trouvée servie dans le temps qu’elle l’avoit ordonné.

Selon l'avertissement de l'édition de 1734, Quinault aurait fait les vers qui se chantent au prologue (v. 1-56), ce qui serait normal.

Les paroles de la plainte italienne, qui fait le premier intermède, seraient de la main de Lully. Le quatrième intermède, une pantomime, n'a pas de paroles. Quinault aurait donc fait :

- les vers 1-56 du prologue

- le deuxième intermède

- le troisième intermède

- le divertissement final.

On trouve les paroles de Quinault dans plusieurs éditions de 1671, dont les principales sont :

- Un livret publié par Ballard, pour les représentations au palais des Tuileries en janvier 1671 ; il y en a au moins deux états différents : l'édition sur Gallica est le Rés-Yf-1236 (BnF) ; la transcription sur le site Molière 21 suit 4-Yth-3526 (BnF).

- Un autre livret publié par Ballard, pour les représentations au Palais-Royal en juillet 1671, que je n'ai pas pu consulter.

- La première édition de la pièce de Molière-Corneille-Quinault, achevé d'imprimer le 6 octobre 1671 (Le Monnier, 1671).

Le texte du livret de janvier 1671 ressemble de très près à celui de première édition de la pièce, sauf que le livret présente une version assez différente, et plus longue, du dernier intermède. En outre, le livret ne donne pas les paroles du second intermède. Voici un tableau comparatif, un peu malmené par la conversion au nouveau Google Sites :

 

 Je donne les paroles de Quinault dans deux pages séparées :

- Livret de Ballard

- Première édition de la pièce

En 1678, la première des deux années pendant lesquelles Quinault fut écarté comme librettiste de Lully, celui-ci, sans doute pressé, reprit la musique et les paroles de Quinault pour les intermèdes et demanda à Thomas Corneille -- peut-être secondé par Fontenelle -- de faire un livret à partir des vers parlés de Molière et Corneille. La première eut lieu le 29 avril, sans beaucoup de succès ; l'oeuvre ne fut jamais jouée à la cour.

Pour un enregistrement de cet opéra, voir la Discographie.

Pour des informations complémentaires, sur la tragédie-ballet et la tragédie en musique, voir l'édition critique Psyché. Tragi-comédie et ballet, Hildesheim, Olms, 2009 (partition et livret, édition de John S. Powell, Herbert Schneider et Laura Naudeix, dans les Oeuvres complètes de Lully). On peut consulter aussi le site crée par John Powell, où on trouve une édition moderne de la musique ainsi que plusieurs articles. Et, comme pour toutes les oeuvres de Lully et Quinault, Le magazine de l'opéra baroque.