Grand Roy que dans les coeurs de nos voisins jaloux

Au Roy

Sur son voyage de Compiegne, ou

sa Majesté va prendre le divertissement

de la chasse


Grand Roy que dans les cœurs de nos voisins jaloux

Vos moindres mouvements jettent d’inquiétude !

Mais en vain leurs regards sont attachez sur vous,

Ils font de vos desseins une inutile estude.


Quand vous bornez vos vœux a chercher dans les bois

Le noble amusement d’une guere innocente,

L’immortel souvenir de vos fameux Explois

En cent climas divers va porter l’espouvante.


L’habitude de vaincre est douce aux grands heros,

On croit que chaque pas vous meine a la victoire,

Vous estes redouté dans le sein du repos,

Et jusqu'à vos plaisirs tout sert a vostre gloire.

SOURCES

A. Paris, Bibliothèque Nationale de France, Manuscrits, Ms Fr 20.863, f. 26r

B. Paris, Bibliothèque Nationale de France, Manuscrits, Ms Fr 22.222, f. 261

ATTRIBUTION

A, B. Le poème est signé "Quinault".

NOTES

   Pas de variantes, en dehors de l'orthographe et de la ponctuation.

   Les feuilles 261-263 du ms. 22.222 manquent. Je remercie M. Jérôme de la Gorce de m'avoir donné une copie de sa transcription, faite avant la disparition de ces feuilles.

   Le roi et la cour ont séjourné à Compiègne du 5 au 17 mars, 1683 (voir Le Mercure galant, avril 1683, p. 302-309). Les feuilles 262-263 du ms. 22.222 contiennent une lettre de Quinault, datée le 10 mars 1683, où Quinault demande à son destinataire (Colbert, selon Buijtendorp, p. 45-46 et 173) "de presenter au Roy les vers que je vous envoye, et que j'ay faits sur son voyage". On peut donc dater ces vers de 1683, probablement entre le 5 et le 10 mars.

   Sur ce poème et la lettre de 1683, voir l'édition de Boislisle des Mémoires de Saint-Simon (1701, à propos de Louis XIV chantant des prologues d'opéra.