Biographie universelle

QUINAULT (PHILIPPE), célèbre poète lyrique, membre de l'académie franç. et de celle des inscriptions et belles-lettres, né en 1635, était, dit-on, fils d'un boulanger. Après avoir fait quelq. études, il eut le bonnur de s'attacher à Tristan-l'Ermite, auteur de Mariamne, qui, ayant reconnu en lui un goût décidé pour la poésie, encouragea ses dispositions, et l'associa à l'éducat. qu'il donnait lui-même à son fils unique. Tristan ne tarda pas à recueillir le fruit de ses soins : dès l'âge de 15 ans le jeune Quinault avait déjà composé plus. pièces de théâtre, et à 18 ans, il débuta sur la scène française par sa comédie des Rivales, qui fut très-applaudie et eut un grand nombre de représentations. Il ne se laissa point éblouir cependant par ce brillant succès : cédant aux sages conseils de ses amis, il entra chez un avocat pour se livrer à quelque chose de plus solide que le théâtre ; mais les études de sa nouvelle profession ne purent le détourner de son goût favori ; et l'on vit chaque année se succéder sur la scène quelq. pièces de sa composition. L’Amant indiscret, qu'il fit jouer en 1654, fut couvert d'applaudissemens : cette pièce se distingue entre les comédies de Quinault, par un style plus vif et plus comique ; et l'on pense que Voltaire en a profité pour sa comédie de l'Indiscret. Apres la m. de son bienfaiteur, auquel il avait à son tour prodigué les plus tendres soins, Quinault donna successivement au théâtre : la Comédie sans Comédie ; les Coups de l'Amour et de la Fortune ; la Mort de Cyrus, tragédie en 5 actes ; diverses autres pièces, et en 1661 la tragéd. d'Agrippa, ou le Faux Tibérinus, qui fut jouée deux mois de suite et reprise plus. fois. S'étant marié vers cette époque, Quinault prit le titre d'avocat au parlement, acheta une charge de valet de chambre du roi, et fui pendant trois ans plus occupé de son bonheur domestique que de la littérature. Il y revint en 1664, et fit paraître sa tragéd. d’Astrate, qui eut un succès prodigieux, et qui attira une telle aflluence de spectateurs que les comédiens doublèrent le prix des places. Cette pièce, malgré la critique de Boileau, eut, avec le faux Tibérinus, l'honneur assez rare d'être jouée pendant quatre-vingts ans ; mais le peu de réussite qu'elles eurent aux dernières reprises les a fait disparaître de la scène. Jusqu'alors notre poète s'abandonnant à sa trop grande facilité, n'avait encore rien produit qui fût vraiment digne du suffrage des connaisseurs et de la postérité. Chez lui les succès amenaient les succès ; car il est à remarquer qu'aucune de ses pièces ne fut mal accueillie, si ne n'est Bellérophon, son avant-dern. tragédie, qui tomba dès la prem. représentation. Mais sa comédie de la Mère coquette, ou les Amans brouillés, représentée en 1665, raffermit sa réputation dramatiq. qui avait souffert quelque atteinte. Pausanias qu'il fit jouer un an après fut sa dern. tragéd. Enfin il devint le créateur et le modèle d'un nouveau genre dramatique ; il s'essaya dans la tragédie-opéra ; et quoique ses prem. pièces, en ce genre, fussent loin encore de la perfection à laquelle il parvint ensuite, elles annonçaient du moins que Lulli, qui avait obtenu le privilége de l’Opéra, ne s’était pas trompé dans son choix en préférant Quinault aux autres poètes de son temps. L’alliance de ces deux talens éleva bientôt la scène lyrique française au-dessus de toutes les autres ; mais avec cette différence que la musiq. du composit. a passé de mode, tandis que les vers du poète seront toujours goûtés. Déjà gratifié par le roi d’une pension de deux mille livres, Quinault fut décoré du cordon de St-Michel, et continua d’élever la renommée de l’opéra français jusqu’en 1686, que parut Armide, son dern. ouv. et son chef-d’œuvre. Depuis cette époque cédant aux sentimens religieux que sa femme lui avait inspirés, il cessa entièrement de travailler pour le théâtre, et ne voulut plus composer de vers que pour chanter les louanges de Dieu. Il m. le 26 novembre 1688 à l'âge de 53 ans. La noblesse de ses sentimens, la bonté de son cœur, sa modestie et l'aménité de son caractère le firent regarder comme l'un des hommes les plus aimables de son siècle. Ses ouvr. lyriques sont : les Fêtes de l’Amour et de Bacchus ; Cadmus; Alceste; Thésée; le Carnaval; Athys ; Isis; Proserpine ; le Triomphe de l’Amour ; Persèe ; Phacton ; Amadis de Gaule ; Roland ; la Grotte, ou l’Eglogue de Versailles ; le Triomphe de la Paix et Armide. Le [sic] OEuvres de Quinault ont été impr. avec sa Vie, Paris , 1739 et 1778, 5 vol. in-12. M. Crapelet a pub. pour la prem. fois dans le format in-octavo, les OEuvres choisies de Quinault, précédées d'une notice fort intéress., Paris, 1824, 2 vol. in-8.

Biographie universelle ou Dictionnaire historique […] contenant La Nécrologie des hommes célèbres de tous les pays […], t. IV, Paris, Furne, 1833.

Je ne sais pas si cette notice sur Quinault figure dans Le Nécrologe des Hommes célèbres de France, par une société de gens de Lettres, publié de 1767 à 1782 en 17 tomes. Les notices furent rédigées par Palissot, Castilno, François de Neufchateau, Poinsinet de Sivry, Bret, Fontaine-Malherbe, et al. Il fut réédité à Maestricht, chez Dufour, de 1775 à 1778 pour les 13 premiers volumes. Pour des extraits du Nécrologe concernant Quinault, voir la page Appréciations.