Épître sur la calomnie

Voltaire écrivit ces vers en 1733 pour Gabrielle-Emilie Le Tonnelier de Breteuil, marquise Du Châtelett-Lomont. Il les publia en 1736, aux pages 63-70 de la seconde édition de sa tragédie La Mort de César (Amsterdam, Ledet ou Desbordes, p. 63-70). Dans toutes les éditions que j'ai pu consulter, à l'exception de celle de 1742 (Genève, Bousquet, t. V, p. 106-112) on trouve, immédiatement avant la conclusion, quatre vers sur Quinault et Boileau :

En vain Boileau, dans ses sévérités,

A de Quinault dénigré les beautés.

L’heureux Quinault, vainqueur de la satire,

Rit de sa haine et marche à ses côtés. (vers 163-166)

Dans l'édition de 1742, les 40 derniers vers (139-178) sont remplacés par 41 nouveaux vers. Les 20 premiers sont consacrés à l'histoire de Marsias, et les 21 derniers commencent par :

O dur Boyleau, dont la Muse sévère,

Au doux Quinault envia l'art de plaire,

Qu'arrive-t-il lorsque ses vers charmants,

Par Géliot embellis sur la scene,

De leurs douceurs enivrent tous nos sens ?

Chacun maudit ta satire inhumaine.

N'entends-tu pas par nos applaudissements,

Venger Quinault quatre fois par semaine ?

Selon D.J. Fletcher, dans son édition de l'épître dans les Complete Works of Voltaire (t. 9, Oxford, Voltaire Foundation, 1999), c'était probablement pour éliminer la critique sévère de J.-B. Rousseau, qui venait de mourir en 1741.

Ces nouveaux vers seront souvent cités. Il est probable que ceux qui les citent les aient trouvés dans les Anecdotes dramatiques de Clément et Laporte (1775), puisqu'ils ne figurent pas dans la plupart des éditions des oeuvres de Voltaire. D'Alembert les cite dans la note 21 de son éloge de Boileau, lu en 1774, mais la première édition que j'ai trouvée avec les notes date de 1787 : l'Histoire des membres de l’Académie Française morts depuis 1700 jusqu’en 1771… (Paris, Moutard). On les trouve dans les ouvrages suivants au dix-neuvième siècle :