Geneviève Quinault

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Les paragraphes qui suivent sont extraits de la Lettre circulaire de la Visitation de Montargis du 15 avril 1736, écrite par la Supérieure du Monastère après la mort de Geneviève Quinault, dite Soeur Marie Augustine. Cette lettre fut  imprimée et diffusée à part ; je remercie M. Gérard Picaud et M. Jean Foisselon, du Musée de la Visitation de Moulins, de m'avoir permis de consulter l'exemplaire du musée.

Geneviève Quinault, probablement la deuxième fille de Quinault et de Louise Goujon, naquit dans les premiers mois de 1662, puisque, selon cette lettre circulaire, elle mourut en mai 1735 à l’âge de 73 ans. Elle était pensionnaire et puis novice chez la Congrégation Notre-Dame, avant d’entrer chez les Visitandines, probablement dans les derniers mois de 1682 (elle avant 52 ans et demi de profession en mai 1735). Elle reçut, avec ses deux soeurs Marguerite et Charlotte, une pension de ses parents le 15 juillet 1684.


Abregé des vertus de notre très-honorée Sœur Marie-Augustine Quinault,

decedée dans ce Monastere de la Visitation Sainte Marie

de Montargis, le 7 May 1735.


« Notre très-honorée Sœur Marie-Augustine Quinault, a bien vérifié cette parole du Sage, que la crainte du Seigneur et le principe de la sagesse, et une source de vie qui fait éviter les ruines de la mort ; c’est cette crainte salutaire qui donna commencement à cette haute piété, qui a relui en toute sa vie, à cette fidélité, qui ne fut jamais interrompue, à cette sincérité & droiture d’ame, qui firent toujours son caractère : ce fut chez les Dames de la Congregation de Colomiers [Coulommiers], que ces heureuses dispositions furent cultivées, et qu’elles firent un merveilleux progrès ; […]

Après quelques années d’une si sainte étude, on la fit sortir de cette /p. 19/ Communauté pour venir dans la maison paternelle, quoique son dessein dès-lors fût de se consacrer à Dieu, mais elle étoit trop sage pour déclarer si-tôt une vocation naissante ; d’ailleurs elle pouvoit trouver de l’agrément dans sa famille, qui étoit honorable & aisée. Monsieur son père, qui étoit Auditeur des Comptes, est assez connu dans le monde, pour le rang qu’il tenoit à l’Academie, & pour les beaux Ouvrages de Poesies qu’il a composés, qui rendront sa mémoire immortelle. Notre chère Sœur étoit très-attachée à un père si rempli de mérite, & d’un naturel si gracieux, les douceurs d’une vie agréable & commode, ne lui étoient pas indifférentes ; »

[…]

« étant d’une figure agréable dans sa jeunesse, l’humeur guaye, avec de l’esprit & de la pénetration, une conversation enjouée, & enfin tout ce qui excite à passer ses jours sans conrainte ; mais le Seigneur n’avoit pas favorisé cette ame de tant de dons pour l’exposer aux écueils dangereux qui sont si ordinaires dans le monde, il lui fit éprouver plusieurs amertumes, & commença à lui tracer un chemin de croix, dont tous les sentiers ont été bien remplis : cette conduite la mit en état de faire attention à la voix céleste, qui l’appeloit depuis long-tems à rompre avec le monde & avec elle-même. Notre chère Sœur répondit enfin à un appel si intelligible, & ayant été élevée à la Congregation, ses vûes se porterent de ce côté-là, par un goût sensible pour cet Ordre, où on lui avoit donné une si bonne éducation ; sa famille désira que ce fût dans une Maison de Paris, où elle avoit une proche parente. Cette chère Sœur y entra avec beaucoup d’attrait, & après y avoir séjourné quelque tems comme Pensionnaire, sa ferveur la pressa d’en entreprendre les exercices ; sa prise d’habit se fit dans le tems ordinaire, & d’une maniere très-éclatante, plusieurs personnes de la Cour y assisterent, un des plus fameux Prédicateur [sic] la prêcha, & tout concouru à sa satisfaction : toutes les obligation de cette Régle étoient de son goût sans être à sa portée, car sa santé ne secondoit pas son desir, d’être fixée pour jamais dans cette sainte Maison : l’instruction de la jeunesse, qui engage à beaucoup parler, ne convenoit pas à la faiblesse de sa poitrine, et un crachement de sang qui ne cessa guere pendant son noviciat, étoit une preuve assez plausible que ce quatrième vœu surpassoit ses forces ».

[Elle ne se rebute pas, mais sa Maîtresse « crut devoir prévenir le tems de sa reception, pour lui faire part de ses lumières ; » et lui dit que continuer ne serait pas « agréable à Dieu »] « […] puisqu’elle promettoit au Seigneur ce que sûrement elle ne pourroit accomplir, et elle franchit enfin le mot, pour lui prononcer l’arrêt et les ordres du Seigneur : « Dieu vous veut, lui dit-elle, dans l’Ordre de la Visitation ; c’est-là où il vous destine, & c’est la voie de salut pour vous, si vous répondez à cet appel. Cette délaration fut un /p. 20/ coup de foudre pour cette Novice ».


[En partie à cause d’un « songe mystérieux » qu’elle avait fait où elle voyait un portrait qu’elle reconnaîtrait plus tard comme celui de Saint-François de Sales, fondateur de l'Ordre de la Visitation], « […] malgré toute la répugnance de son esprit, elle engagea son Directeur à demander sa sortie à Monsieur son père, qui fort étonné de cette nouvelle, vint trouver la Supérieure pour en sçavoir la cause. Cette Dame ne sçachant rien de ce qui se passoit entre la Novice & sa Maîtresse dit à Monsieur Quinault, qu’apparemment sa fille avoit pris une fausse allarme sur sa reception, à raison de son peu de santé, mais qu’elle l’assuroit d’un heureux succès du Chapitre en sa faveur, malgré ses infirmitez. Le procédé gracieux de la Supérieure, ne servit qu’à augmenter les peines de sa Novice, & lui fit acheter bien cher une sortie qu’elle redoutoit plus que la mort, […]. notre chère Sœur sortit du Cloître avec la douleur qu’on peut imaginer, & dans des circonstances très-mortifiantes de la part de sa famille, qui regardoit ce changement comme un travers & une fantaisie, n’étant pas à portée d’en pénétrer le vrai motif ; l’éclat que sa vêture avoit fait dans Paris, ajoutoit encore à leur chagrin, & enfin notre chère Sœur digera seule tous ces contre-tems, demeurant comme une recluse dans la maison paternel [sic] […]. pressant le ciel par ses désirs de lui manifester ses desseins, ils lui furent bien-tôt découverts : il y avoit ici deux de ses sœurs cadettes, dont l’une étoit prétendante ; notre chère /p. 21/ Sœur prit enfin la résolution de venir à sa vêture, entra dans le Noviciat, & prit le saint habit trois mois après avec la plus jeune, de sorte que toutes les trois firent leur noviciat en même tems ; »


[… « terribles peines à soutenir » l'usage des Visitandines – « le sacrifice du chant, du grand Office, des grandes Messes, lui couta infiniment »]

[…]

« fortes épreuves qu’on lui fit pendant son noviciat, pour la rendre uniforme à notre manière de vie »

« fut reçûe pour la profession dans son tems »

[Elle demande à Dieu de mourir, elle reçoit un signal, la surdité. Sa Maîtresse exige qu’elle fasse « une rétractation de sa premiere requête », elle est guérie tout de suite.

Elle connaît une tentation très forte « Le jour de son sacrifice, un moment avant sa cérémonie » et des épreuves intérieures et extérieures continuées après sa profession.]

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[…]

« le desir de trouver du secours dans les peines dont son ame étoit affligée, l’excitoit un peu à la recherche des Livres, tant pour se distraire dans ses souffrances, que pour y trouver du soulagement, »

[…]

« mortifiée des refus, mais toujours contente de l’humiliation qui lui en revenoit, regardant l’abjection comme son bien propre »

« les six ou sept dernières années de sa vie, que ses peines étant devenues plus fréquentes »

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[Elle exerça plusieurs charges, dont Maîtresse des Pensionnaires ; les enfants la « tournoient en dérision » à cause de « son habitude à s’humilier sans cesse ».]

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[…] « En 1721, la pauvreté de notre Maison étant déclarée, & notre vertueuse Sœur sçachant que feu Monseigneur de Chavigny, alors notre Archevêque, souhaitoit qu’on chercha les moyens de diminiuer notre grand nombre ; alors l’esprit d’obéïssance, le mépris de sa personne, la persuasion de son inutilité, lui fit envisager sa sortie, comme une décharge pour notre Maison, & poursuivre son entrée chez nos très-honorées Sœurs de Chartres, qui l’accepterent & la reçûrent l’année suivante […] elle en est sortie très-pénetrée d’édification. […] Nous la vîmes à son retour dans la même ferveur qui l’a dominée toute sa vie […] ».


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« Ses infirmitez s’étant augmentées dans la suite, & la mettant hors d’état de remplir les moindres fonctions, on lui laissa la liberté de suivre son attrait : c’est alors que sa stabilité devant le saint Sacrement fut presque continuelle, hors le tems des Communautez, sans faire attention aux maux qui la dessechoient et la rendoient toute mourante ».

[Elle se retire à l’Infirmerie, mais seulement « après le renouvellement des vœux de cette dernière année ». Ella a presque toujours la fièvre pendant plus de 6 mois. On fait venir un médecin, elle reçoit l’Extrême-Onction.]

« elle demeura ainsi dans un sommeil létargique très-paisible jusqu’au jour suivant à six heures du matin, qu’elle expira en présence de plusieurs de nos Sœurs & de Nous, âgée de 73 ans, 52 & demie de profession, du rang des Sœurs du Chœur ».