Callières

François de Callières (1645-1711) succéda à Quinault à l'Académie Française. Son discours de réception ne contient qu'une phrase sur Quinault :

   Vous m’avez choisi pour succeder à un Académicien illustre par la beauté & la fécondité de son genie, par le tour heureux & naturel de ses productions, par sa douceur, par sa politesse & par ses autres bonnes qualitez personnelles qui vous le font justement regretter.


Dans Des bons Mots et des bons contes, de leur usage, de la raillerie des anciens, de la raillerie et des railleurs de nôtre temps, Paris, Barbin, 1692, p. 78-79, Callières raconte une anecdote qui est citée par Boscheron et plusieurs autres biographes de Quinault.

    Feu Quinault, continua l’Abbé, estoit avec un homme de la Cour à la representation d'une piece de theatre de sa façon, & luy en expliquoit le dessein : La Scene, luy disoit-il, est en Cappadoce, & il faut se transporter dans ce pays là & entrer dans le genie de la nation pour bien juger de cette piece ; Vous avez raison , répondit le courtisan, & je crois qu'elle seroit bonne à joüer sur les lieux.

    Il ne pouvoit luy faire connoistre plus plaisammant qu'elle n'étoit pas à son gré qu'en l'envoyant en Cappadoce pour y être representée.

Callières n'aimait pas l'opéra de Lully, dont il se moque dans son Histoire poëtique de la guerre nouvellement déclarée entre des anciens et des modernes (Paris, Amboüin, Emery & Clousier, 1688). Il y décrit la tragédie en musique comme « une espece de piece de Theatre en Musique, qui est d’ordinaire assez mal-conçûë et mal ordonnée » (p. 264). Pour lui, on y trouve « de sottes avantures qui choquent le bon sens & la vray-semblance ; des discours froids & des entretiens fort ordinaires, qui n’interessent point l’Auditeur, & qui ne sont nullement propres à être chantez […] » (p. 267-268. En fait, il préférerait que la majorité du texte soit déclamée, sans musique (p. 269). Il se plaint que Lully « a entierement assujetti le Poëte au Musicien, au lieu que le Musicien devroit suivre les idées du Poéte » (p. 269).