L'Héritier

Aprés les favoris d’Erato, parurent ceux de Terpsicore. On y voyoit briller Orphée, Amphion, Arion & Terpandre ; mais le celebre Quinault qui les suivoit, avoit des graces si particulieres, un air si engageant, & des manieres si touchantes, qu’il effaçoit l’éclat de tous ses predecesseurs. Mille fois plus éclairé qu’eux tous dans la science de connoître le cœur, & le premier des hommmes dans l’art de débiter agreablement des maximes de morale galante, les lumieres de son esprit se répandoient sur son exterieur, & lui donnoient un air si gracieux, qu’on étoit persuadé en le regardant, que la France avoit eu raison d’être charmée de la tendresse de ses sentimens, de la délicatesse de ses expressions, & de la douceur de sa Poësie Lyrique, si digne de l’excellente Musique du fameux Lully.


Marie-Jeanne L'Héritier de Villandon (1664-1734)

L’APOTHEOSE / DE / MADEMOISELLE / DE SCUDERY. / Par Mademoiselle L’H***

Paris, Jean Moreau, 1702, p. 31-32

    Le narrateur, dans le palais des Muses, regarde la « marche » pendant la cérémonie où Mlle de Scudéry est reçue par Anacréon et Ovide.