Conquêtes en Hollande

SOURCE A:

  On a examiné la description faite par feu Monsr. Quinaut de la medaille sur toutes les Conquestes faites en Hollande en 1672. Et Elle a esté arrestée.

Les prodigieux succés des armes du Roy dans le Duché de Cleves, et le Rhin passé à la nage en presence des Hollandois porterent la terreur dans tous leurs Estats, leurs Trouppes êpouvantées prirent la fuite de toutes parts, les plus fortes places se rendirent sans resistance. Utrek mesme reçût garnison françoise et Amsterdam parloit desjà d’envoyer ses clefs, les Hollandois pour sauver une partie de leur pays, n’eurent d’autre ressource que de lascher les Ecluses et de le submerger entierement. Ainsy cette Republique si superbe jusqu’a lors et qui dans une medaile Insolente qu’elle avoit fait frapper, avoit osé parler comme si Elle eut esté l’arbitre souverain de toutes les Puissances de l’Europe, fut punie de son audace, et reconnut combien il est dangereux de s’attaquer à la Majesté des Roys.

    C’est le sujet de cette medaille, on y voit un Trophée ou pend la depouille d’un lion avec le faisceau des sept fléches qui sont les armes des Provinces Unies : au dessus du Trophée est une couronne murale autour de laquelle sont escrits ces mots, XL. Urbes Captae, Quarante villes prises. Cette femme tombée sur ses genoux represente la Hollande vaincüe, suivant les paroles de l’Exergue, Batavia Debellata. La vache couchée près d’elle, le bout de barque, l’anchre et les filets qui sont attachés au Trophée sont des symboles qui marquent la nature du Pays plein de pasturages, et presque tout envvironné de mer. Les mots de la Légende, Ultor Regum, signifient que le Roy est le Vangeur des Roys.

     Note : ce qu'on lit sur la couronne est URB.XL.CAP.


SOURCE B:

CONQUESTES DU ROY EN HOLLANDE

Les succès des Armes du Roy, & le Rhin passé à la nage en presence des Hollandois, porterent la terreur dans tous leurs Estats. Leurs Trouppes espouvantées prirent la fuite de tous costez ; les plus fortes Places ne resisterent presque pas. Utrecht mesme reçût garnison Françoise et Amsterdam desjà se disposoit à envoyer ses clefs. Les Hollandois, pour sauver le reste de leur pays, n’eurent d’autre ressource que de lascher leurs Ecluses, & de le submerger entierement. Ainsy cette Republique, qui osoit se vanter d’estre l’Arbitre souverain de toutes les Puissances de l’Europe, fut punie de son audace, et reconnut combien il est dangereux de s’attaquer à la Majesté des Roys.

C’est le sujet de cette Médaille. On y voit un Trophée, où pend la despoüille d’un Lion, avec le Faisceau des sept Fléches, qui sont les Armes des Provinces Unies. Au-dessus du Trophée il y a une Couronne murale. Cette Femme abbatuë au pied du Trophée, represente la Hollande. La Vache, qui est près d’elle, le bout de Barque, l’Anchre, & les filets, marquent la nature du Païs plein de pasturages, & presque tout environné de la Mer. Les mots de la Légende, ULTOR REGUM, signifie, Vengeur des Roïs. L’Exergue, BATAVIA DEBELLATA. M. DC. LXXII. la Hollande vaincuë. 1672


SOURCE C:

CONQUESTES DU ROY EN HOLLANDE

    La Valeur des troupes Françoises, la hardiesse, le succès & la rapidité de leurs entreprises, consternérent tellement les Hollandois, que réduits à la deffense de leur capitale, & d’une très petite portion de pays, ils n’eurent d’autre ressource que celle de le submerger eux-mesmes, en laschant leurs escluses, & en achevant en quelque sorte de punir, par leurs propres mains, l’audace qu’ils avoient eüe d’insulter à la Majesté des Rois.

    C’est le sujet de cette Médaille. On y voit un trophee, où pend la despoüille d’un lyon avec le faisceau des sept fléches, qui sont les Armes des Provinces Unies. Au-dessus du trophée il y a une Couronne murale. La femme abbatuë au pied du Trophée, représente la Hollande. La vache, qui est près d’elle, le bout de barque, l’anchre, & les filets, marquent la nature du pays, plein de pasturages, & presque tout environné de la mer. La légende, ULTOR REGUM, signifie, Vengeur des Roïs ; & l’exergue, BATAVIA DEBELLATA. M. DC. LXXII. la Hollande vaincuë en 1672.


SOURCES DE LA MÉDAILLE

A. Cabinet des Médailles de Paris, Série royale, 724 (or), 725 (bronze), Diam. 72, 70 mill. Les deux médailles que j'ai pu consulter ont été frappées avec deux coins différents.

SOURCES DE LA DESCRIPTION

   La source A ne diffère qu'en quelques très petits détails des transcriptions de Jacquiot. Les deux recueils de Médailles sur les principaux événements sont disponibles sur Gallica.

   On notera que toutes ces sources sont postérieures à la mort de Quinault.

A. Registre Journal des Délibérations et des Assemblées de l’Académie royale des Inscriptions. Séance du Mardy 7 Février 1696.

B. Medailles sur les principaux evenements du regne de Louis le Grand, avec des explications historiques, Paris, Imprimerie royale, 1702, p. 125

C. Medailles sur les principaux evenements du regne de Louis le Grand, avec des explications historiques, Paris, Imprimerie royale, 1723, p. 125

D. Josèphe Jacquiot, "Philippe Quinault, membre de la Petite Académie", dans Mélanges d'histoire littéraire (XVIe-XVIIe siècles) offerts à Raymond Lebègue, Paris, Nizet, 1969, p. 315-316

E. Josèphe Jacquiot, Médailles et jetons de Louis XIV d’après le manuscrit de Londres, Paris, Imprimerie Nationale ; Klincksieck, 1968,  vol. II, p. 273


VARIANTES de la description

SOURCE B

    Le premier paragraphe de la source B est similaire au second de la source A, mais un peu plus concis. L’absence du mot « prodigieux » au début rend la première phrase plus prosaïque, et la disparition du détail du duché de Clèves rompt l’équilibre entre les deux premières propositions (« Les prodigieux […] Cleves », « et le Rhin […] Hollandois »). Si la médaille insolente n’est plus mentionnée dans la dernière phrase, c’est peut-être pour des raisons diplomatiques, ou parce qu'en 1723 cette médaille avait été oubliée.

    On peut qualifier les autres variantes du premier paragraphe de légères modifications stylistiques : « de tous costez » au lieu « de toutes parts », « se disposoit à » au lieu de « parloit de », « le reste » au lieu de « une partie ».

    Le deuxième paragraphe diffère peu du troisième de la source A, sauf que l’exergue n’est mentionnée qu’à la fin. On a éliminé les mots « XL. Urbes Captae, Quarante villes prises », qui figurent dans la description de la médaille dans la source A, mais qui avaient disparu de l’illustration.

SOURCE C

    La substance du texte du premier paragraphe n’a pas changé, mais il a été presque complètement récrit. Il est surtout plus court, 70 mots contre 112.

    Le deuxième paragraphe est presque identique à celui de la source B.