Traité du ballet

Traité du ballet

du progrés que ce spectacle a fait en France et comment il a donné lieu a l’Opera

 

BnF, manuscrits français 25465 (ancienne cote : La Vallière 121)

   Décrit dans le Catalogue de La Vallière, n° 3509

Manuscrit du XVIIIe siècle, 40 feuillets, 77 pages

   Avant 1757, puisque Fontenelle est « aujourd’hui vivant » (p. 71)

 

La majorité du traité est consacrée à l’histoire du ballet, surtout pendant la première moitié du XVIIe siècle. Il y a aussi plusieurs pages sur les comédies-ballets de Molière (les paroles du Carnaval sont attribuées à Benserade), sur les premiers opéras et sur Guichard. À partir de la page 63, il y a au moins un paragraphe sur chaque opéra de Quinault, jusqu’à Proserpine, et sur Le Triomphe de l’Amour.

LES DÉBUTS, p. 63-64

   Lully s’associa le Sr. Vigarani Machiniste du Roy et plaça d’abord son theatre au Jeu de Paume de Bel Air ou il donna au mois d’aoust 1672 Les Festes de l’Amour et de Bacchus pastorale composée des fragmens de differens ballets dont il avoit fait la Musique, sur les parolles de Quinault.

   En 1673 Lully donna sur le même theatre, Cadmus et Hermione, ou les Sr. Faure, L’Etang l’ainé, et le Basque homme très leger parurent dans le Ballet. Les paroles etoient de Quinault. Cet opera se sent encore du mauvais goût qui avoir regné avant luy, le bas comique y est meslé au Sérieux de la Tragédie, ce n’est que peu a peu qu’il s’est corrigé. Peut-etre Quinault sentoit-il que la cour etoit accoutumée a ce comique qui regnoit dans les Ballets, et dans les opera de Perrin qui avoient reussi, ne voulut point d’abord choquer la prevention générale et hasarder un /p. 64/ Spectacle entièrement Sérieux, il alla par degrés, et dans chaque nouvel opera, il y avoit moins de comique que dans celuy qui l’avoit precedé. Le Roy pourtant fut si content de Quinault qu’il le choisit seul pour composer de pareils ouvrages. Lully consentit a donner a Quinault quatre mille Livres par an a condition qu’il lui fourniroit chaque année un nouvel opera. Il obtint aprés la mort de Moliere qui arriva le 17 fevrier 1673 la Salle du Palais Royal que les Comediens occupoient, et y fit représenter Cadmus dés le mois d’avril de la même année, ou le Sr. Pecourt parut avec applaudissement.

   Alceste ou le Triomphe d’Alcide des mêmes auteurs parut en 1674. […]

 

THÉSÉE ET ATYS, p. 67-68

   Thésée en 1675 fût joué a S. Germain pour le Roy par les Musiciens de sa Majesté et ceux de l’Academie joints ensemble et fut ensuitte representé a Paris par les Seuls acteurs de l’opera ; il est de Quinault et Lully. /p. 68/

Le Sr. d’Olivet grand pantomime se joignit au Sr. Beauchamp pour la composition du Ballet. Le Comique commençoit a s’epurer, mais il parut encore dans le rôle d’Arcas qui quoiqu’ennobli n’est point entièrement de la decence de la Tragédie.

   Les quatre derniers actes sont parfaitement écrits et très interessans, c’est un des opera de M. Quinault ou le merveilleux et le plus adapté, pour ainsi dire a la Suite et aux interests de la Tragédie. »

[…]

   Atys de Quinault et de Lully parut a S. Germain le 12 janvier 1676. Le Sr. Dolivet aida le Sr. Beauchamp pour les Ballets. Le Sr. Letang le Cadet parut pour la premiere fois. Le premier acte est un chef d’œuvre pour le Style, le 3e. pour l’imagination, le 5e. pour l’interest, la musique de ces trois actes a semblé l’encherir encor sur ce qui dependoit d’elle sur la /p. 69/ beauté des parolles, et les a consacrées a la posterité.

 

ISIS, cabales, Thomas Corneille, p. 69-71

   Isis parut a S. Germain pendant le Carnaval de 1677 et au mois d’aoust 1677. Le premier acte /p. 70/ est un modèle pour le Style. Lully et Quinault y soutinrent leur reputation.

   La jalousie contre Quinault s’augmentoit de jour en jour par la réussite de ses opera. Racine et Despreaux sans respecter le goût de sa Majesté et celui du public oserent dire au Roy que Quinault etoit indigne de travailler pour sa Majesté.

   T. Corneille fit l’opera de Psiché qui fut mis en Musique par Lully et joué en 1678, mais qui ne réussit point. Il ne parut pas a la Cour, T. Corneille voulut renoncer a ces poèmes dramatiques, mais Racine et Despreaux esclaves d’une basse jalousie contre Quinault engagerent le Roy a en parler a T. Corneille. Ce poete eut ordre de composer une piece Lyrique et choisit Bellerophon. Il acheva son premier acte, le montra a Lully et la disposition du 4e. et du 5e. ne sachant dequoy remplir son 2e. et son 3e. Lully lui conseilla de voir Quinault qui /p. 71/ voulut bien lui rendre le service de dresser son plan. Corneille suivit les conseils de Quinault. »

[… Créé en janvier 1679, joué neuf mois de suite. Fontenelle travailla à la versification. Nouveau l’aîné représenta Amisodar]

 

PROSERPINE, p. 71

   Lully se trouvoit derouté de ne plus travailler avec son Quinault. Il trouvoit plus de difficulté avec Corneille dont les vers etoient moins Lyriques que ceux de Quinault, et ce fut avec ce dernier qu’il fit l’opera de Proserpine qui fût representé a S. Germain le 3 fevrier 1680 par la Musique du Roy et celle de l’Academie Royale et ensuite a Paris par l’Academie seule.

   Mlle Louison Moreau chanta dans prologue. Mlle Rochois commença a se distinguer dans le rôle d’Arethuse et le Sr. du Ménil dans celui d’Alphée. »

 

LE TRIOMPHE DE L’AMOUR, p. 72

   En 1681 on dansa S. Germain Le Triomphe de l’Amour. Ce ballet est dans un goût de bal : ce ne sont que différentes entrées qui sans aucune liaison entre elle sont renfermées sout le titre et le but general du Triomphe de l’Amour. Les Vers pour les personnes de ballet sont de Benserade, le reste est de Quinault. […]