Gravures

Je vous demande de faire preuve d'indulgence. L'histoire de la gravure est un domaine que je connais mal, et les informations ci-dessous pourraient sans doute être présentées de façon plus claire et plus exacte. Mais je crois qu'elles sont intéressantes, et je les mets ici en attendant de pouvoir continuer mes recherches.


La gravure de Gérard Edelinck (1649-1707) illustre la biographie de Quinault dans Les Hommes illustres de Charles Perrault (1696-1700) ; la planche précède l'entrée sur Quinault, tome I, p. 81-82. On y voit les armoiries achetées par Louise Goujon, la veuve de Quinault, en 1697.

En 1665, Colbert fit venir Edelinck d'Anvers à Paris, où Louis XIV lui donna une pension. Il fut membre de l'Académie Royale de Peinture et de Sculpture.

Il semble que tous les graveurs cités ci-dessous se sont inspirés de la gravure d'Edelinck, à l'exception possible de Geille (voir plus loin).

Selon le site Hyacinthe-Rigaud.com, la gravure d'Edelinck serait d'après un portrait de Rigaud, de 1687. La ressemblance n'est pas frappante.

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Le graveur Jean-Baptiste Scotin (1678-17?) est le fils du graveur Gérard Scotin (1643-1715), qui signe souvent "Scotin Major". Le père grava plusieurs vignettes pour des partitions parues chez Ballard et chez Baussens entre 1710 et 1719. Continuant un peu dans la même tradition, Jean-Baptiste illustra des éditions du théâtre de la foire et des parodies du théâtre italien.

Cette gravure, très proche de celle d'Edelinck, se trouve dans un tiré-à-part de la Vie de Boscheron, imprimée en tête du Théâtre de Quinault en 1715.

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Étienne-Jehandier Desrochers (1668-1741) fit de nombreux portraits dans les années 1720. Il en existe plusieurs séries, comme celles du département des estampes de la Bibliothèque Nationale de France (cote ED- 89 –FOL), en 6 volumes. Le portrait de Quinault figure dans le volume 5.

On lit sous la gravure :

Si par Ses agreables tons

Lully fait plaisir a l'Oreille,

Quinaut de l'Opera la seconde merveille

Nous charme comme lui par ses douces chansons.

Selon Heineken (Dictionnaire des artistes dont nous avons des estampes…, Leipzig, Breitkoph, 1778-1790, t. 4, 1790),  la gravure de Quinault figure dans un Recueil de portraits des personnes qui se sont distinguées tant dans les Armes que dans les Belles Lettre et les Arts, comme aussi la famille Royal de France et Autres Cours Étrangères de 1726.

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La gravure de Dominique Sornique (1708?-1756) figure dans au moins deux ouvrages du XVIIIe siècle :

- Adrien-Claude Le Fort de La Morinière, Nouveau choix de poésies morales et chrétiennes depuis Malherbe jusqu'à nos jours, dédié à la reine, Paris, C.-F. Simon, fils, 1747, 3 vols, vol. 1.

     Paris, Bib. Sainte-Geneviève, Y 4o 426 (5) inv. 568 res ; BnF Tolbiac, YE- 1686

- Jean-François Dreux du Radier, L'Europe illustre, contenant l'histoire abrégée des souverains, des princes, des prélats, des ministres, des grands capitaines... des artistes et des dames célèbres en Europe, depuis le XVe siècle compris jusqu'à présent, par M. Dreux Du Radier, Paris, Odieuvre, 1755-1765

     Paris, Bib. Sainte-Geneviève,  W 4o 60 (1) inv 158 RES ; BnF Tolbiac G- 5795-5800 et RES- G- 1193-1198

On voit dans les deux ouvrages les armoiries achetées par Louise Goujon, la veuve de Quinault, en 1697.

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Les gravures d' Edelinck, de Desrochers et de Sornique figurent dans la série de grands albums reliés contenant des portraits gravés et provenant du cabinet de gravures constitué par Louis-Philippe, duc d'Orléans puis roi des Français, conservée au château de Versailles.

    INV.GRAV.LP 33.105.1 (Edelinck) ; INV.GRAV.LP 33.105.5 (Desrochers) ; INV.GRAV.LP 33.105.3 (Sornique)

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Le dessinateur et graveur Nicolas Ponce (1746-1831) consacra à Lully et Quinault une page de ses Les Illustres Français, ou Tableaux historiques des grands hommes de la France, pris dans tous les genres de célébrité, jusqu'à l'époque de l'établissement de la République... d'après les dessins de C. Marillier, Paris, chez l’auteur, 1790-1816. Selon la notice sur la copie de cette gravure au Département de la Musique  (Estampes Lully J. B. 023), la gravure daterait d'avant 1793, à cause de l'adresse de Ponce qu'on y trouve (rue Ste Hyacinthe no. 19). Je ne sais pas de quels dessins de Clément Pierre Marillier (1740-1808) Ponce aurait pu s'inspirer.

On voit le buste des deux collaborateurs face à face, entourés de scènes de plusieurs de leurs ouvrages. Pour le texte consacré à Quinault, voir la page des notices biographiques.

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Louis Duval, dans ses Contribution à l'histoire littéraire de la Marche, p. 32, mentionne une gravure de Charles-Eugène Duponchel (1748-18??) au Musée Municipal de Guéret. « Celui [le portrait] qu’on doit à Charles Eugène Duponchel, né à Abbeville en 1748, graveur au burin, qui a reproduit de nombreux portraits d’hommes célèbres, pour l’illustration d’ouvrages d’histoire ou de littérature, a paru donner un appui inattendu à la légende chère aux habitants de Felletin. » Duval ajoute que la gravure de Duponchel fut léguée au musée de Guéret par Mme Léonce de Lavergne. Cette œuvre est répertoriée dans Charles Le Blanc, Manuel de l’Amateur d’Estampes, contenant le dictionnaire des graveurs de toutes les nations […], Paris, Émile Bouillon, 1854-1888, t. II, p. 158, no. 9 : « Quinault (Philippe). In-12 ». Duponchel était l’élève de Jacques-Nicolas Tardieu.

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La gravure de Nicolas-Henri Jacob (1782-1871), élève de David, parmi d’autres maîtres, illustre Le Panthéon français, ou collection de Portraits des Personnages célèbres […] Œuvre Lithographique, Par M. Sudré, Paris, Sudré, 1823 (feuilles non-numérotées). Elle est signée « N. H. Jacob, del. ». Dans la légende, on lit « Philipe Quinault / Né en 1635; mort en 1688). Sur le cliché 84 C 120920 de la Bibliothèque de l’Opéra, dont il y a une copie dans la photothèque du Département de la Musique (mais pas sur l’estampe au Département des Estampes, cote Na 35), on trouve « Imp. Lith. de Langlumé ».

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On ne peut pas dater avec précision la gravure de Pierre-François Bertonnier, né en 1791. Sa dernière adresse connue est de 1854, et son collaborateur François-Louis Couché (Couché fils) mourut en 1849. Je ne sais pas de quelle collection dirigée par Couché fils cette estampe ferait partie. Les deux estampes que j’ai pu voir sont légèrement différentes. Sur l’existence d’un portrait par Dubasty que Bertonnier aurait copié, voir la page Portraits.

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Bernard-Romain Julien (1802-1871), élève de Gros, grava des portraits pour les Illustrations du Cours de Littérature de La Harpe, ou collection de 400 portraits destinés à l'ornement de cet ouvrage, Paris, chez Ostervald aîné, A. Boblet, 1830. Celui-ci a comme légende « Philippe QUINAULT / Né à Paris, en 1634 [sic] Mort en 1688 ». Sous la gravure, on lit « Lith par Julien d’après Edelinck ». Au bas de la page, on a noté « Siècle de Louis XIV Lith de Lemercier ».

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Charles Bazin (1802-1859), élève de Girodet et de Gérard, fit des pastels, des portraits lithographiés et des gravures à l’eau-forte. Il fut un des illustrateurs de l’Iconographie française, ou Choix de deux cents portraits d'hommes et de femmes qui se sont acquis en France, depuis le règne de Charles VII jusqu'à la fin de celui de Louis XVI, le plus de célébrité, soit dans le gouvernement, l'église, les armées... accompagnés d'autant de fac-similé/et lithographiés par MM. Maurin, Belliard et Bazin... ; publié par Mme Delpech, Paris, Mme Delpech, 1840, 2 vol. (plusieurs autres éditions, à partir de 1828). L’estampe du Département des Estampes porte la date du dépôt légal, 1832. Sous la gravure, à gauche, on lit la signature de Bazin et la date de 1832 ; à droite, « Lith. de Delpech ». La légende (« PH. QUINAULT / Tiré de l’Institut Royal de France) suggère que la gravure a été exécutée à partir du portrait actuellement à l’Institut de France, auquel elle ressemble (le portrait se trouvait à l’Institut jusqu’en 1839, date de son transfert au château de Versailles ; il est de nouveau à l'Institut depuis 1987 ; voir la page Portraits). Une estampe aux archives de l’Académie Française est sans doute une copie (renversée) de la gravure de Bazin. Même s’il manque sa signature, on y trouve, au même endroit que sur l’estampe du Département des Estampes, « Lith. de Delpech ». Comme légende, il y a simplement « Quinault », et le numéro 157 ; je ne sais pas à quelle collection cette estampe a pu appartenir. Une autre estampe anonyme aux archives de l’Académie Française semble être, elle aussi, une copie, moins fine, de la gravure de Bazin. L’image n’est pas renversée.

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Victor-Henri (Henry) Bonvoisin (1795-1829), élève de Tardieu, grava de nombreux portraits sous la Restauration. Sa gravure sert de frontispice à l’édition des Œuvres choisies de Quinault parue chez Crapelet en 1824.

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On connaît peu de choses sur Fourquemin. Il déposa en 1840 trois gravures sous le titre « Les Enfans célèbres » (dépôt légal 1840-3604), conservées au Département des Estampes sous la cote Ne-101. Sur une des gravures on voit un adolescent qui semble un peu perdu dans une ville, bâton de marche sur l’épaule et balluchon sous le bras. La légende suggère qu’il s’agit du jeune Quinault, arrivé de Felletin à Paris pour faire sa fortune : « QUINAULT, né au commencement du 17e. Siècle, arriva à Paris fort jeune, excella bientôt dans le genre lyrique, et fit des Operas où l’élégance du Style s’unit toujours à la vérité d’expression des passions, modèles que person ne n’égala depuis. » Selon l’Inventaire des gravures du fonds français après 1800, Fourquemin était « Imprimeur lithographe, auteur probable des images suivantes parues chez lui sans nom d’auteur. » Parmi ces images figurent plusieurs estampes du début des années 1840.

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Amédée-Félix-Barthélemy Geille, selon l’Inventaire du fonds français des gravures après 1800, était « Graveur au burin, né à la Ciotat en 1802 ; mort à Paris, 1843 ». Il illustra la collection des Galeries historiques de Versailles, éditéee de nombreuses fois chez Gavard à partit de 1837. Le Département des Estampes en conserve 53 sous les cotes Aa 31 a, 31 c, 30 v et sq., mais celle de Quinault n’est pas mentionnée. Cette gravure est la seule qui ne ressemble pas à celle d’Edelinck. En fait, elle ressemble davantage à certaines représentations de Lully, comme celle de Geille lui-même.

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Il s’agit sans doute d’une œuvre d’Henri-Joseph Hesse. Selon l’Inventaire du fonds français des gravures après 1800, Hesse était « Peintre de portraits miniaturiste et lithographe, né en 1871 à Paris, y meurt en 1849. Élève de David et Isabey ; il expose plusieurs fois au Salon entre 1808 et 1833, et obtient des récompenses en 1810 et 1833. Il est le frère de Nicolas-Auguste Hesse, et le père d’Alexandre. » L’inventaire cite plusieurs portraits qui datent du début des annés 1820, dont Condé, Poussin et Le Brun. Cette estampe, aux archives de l’Académie Française, est signée, en bas à gauche, « Hesse del. ». Elle porte la légende « QUINAULT. / d’après un émail du cabinet du Roi ». La même gravure figure à la page précédent l'article sur Qunault de Creuzé de Lesser dans la Galerie Française de 1821.

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Charles-Paul Landon (1760-1826 ) est connu surtout comme « éditeur des collections gravées au trait par différents artistes d’après les grands Maîtres. Très estimées à l’époque, à cause de la ‘pureté du dessin’ » (Inventaire du fonds français des gravures après 1800 de la BnF). Le portrait de Quinault figure dans sa collection La Galerie historique des hommes les plus célèbres de tous les peuples et de toutes les nations, contenant leurs portraits au trait d'après les meilleurs originaux.

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Pierre Blanchard (1772-1856), directeur d’institution pour jeune gens, se fit, vers 1810, libraire-éditeur pour diffuser plus facilement ses œuvres. Il publia, à partir de 1803, plusieurs éditions du Plutarque de la jeunesse ou abrégé des vies des plus grands hommes de toutes les nations. Depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours ; au nombre de plus de 200, et ornées de leurs portraits. Ouvrage élémentaire, propre à élever l'âme des jeunes gens, et à leur inspirer les vertus utiles à la société, rédigé par Pierre Blanchard, 4 tomes, Paris, Le Prieur. Au tome 4 de cette édition on trouve une planche, p. 89, avec un portrait de Quinault. Il est vraisemblablement d’Émile Rouargue (1795-1865), dessinateur et graveur au burin, élève de Delaunay et de Mariage.