La Paix de l'opéra

La Paix de l’opéra ou parallele impartial de la musique françoise et de la musique italienne (Amsterdam, 1753) est « l’extrait d’un petit Ouvrage qui parut en 1702, sous ce titre : Parallele des Italiens et des François, en ce qui regarde la Musique & les Opéra » (Avertissement). C’est à ce Parallèle de 1702, de la plume de François Raguenet (1660?-1722), que répondit Lecerf de la Viéville dans sa Comparaison de la musique italienne et de la musique françoise (1704-1706).

L’Avertissement continue : « L’Ouvrage est excellent pour le fond : mais le stile est si diffus & si peu correct, qu’il a été nécessaire d’élaguer & de rectifier beaucoup de choses. Il a même fallu ajoûter quelques remarques. » Le passage principal concernant Quinault est assez différent dans les deux versions. On peut lire une critique de ce passage dans Le Journal des savants du 20 mars 1702.


Nos Poëmes Lyriques, tels qu’Armide, Thésée, Roland, &c, sont en général fort supérieurs aux Poëmes des Italiens ; ce sont des Piéces travaillées avec art, pleines de chaleur & d’intérêt : quand on ne feroit qu’en déclamer les paroles sans les chanter, elles plairoient autant que les Tragédies ordinaires. Rien n’est plus spirituel que les Dialogues qui s’y trouvent ; les Dieux y parlent avec toute la dignité de leur caractère ; les Rois avec toute la Majesté de leur rang ; les Bergers & les Bergeres, avec le tendre badinage qui leur convient. L’Amour, la Jalousie, la Fureur, & les autres passions y sont traitées avec un art & une délicatesse infinie ; il y a peu de Tragédies plus belles que le Thésée de Quinault.

(Paix de l’opéra, p. 6)

Nos pièces de Théâtre sur lesquelles les Musiciens travaillent, sont fort au-dessus de celles des Italiens ; ce sont des piéces régulieres &c suivies ; quand on ne feroit qu’en déclamer les paroles sans les chanter, elles plairoient autant que les autres piéces de Théâtre qui ne se chantent point ; rien n’est plus spirituel que les Dialogues qui s’y trouvent ; les Dieux y parlent avec toute la dignité de leur caractère ; les Roys, avec toute la Majesté de leur rang , les Bergers & les Bergeres , avec le tendre badinage qui leur convient ; l’amour, la jalousie, la fureur, & les autres passions y sont traitées avec un art & une délicatesse infinie, & il y a peu de Tragédies ou de Comédies qui soient plus belles que la plupart des Opéra qu’a fait Quinault.

(Parallèle de Raguenet)

La majorité des « courtes additions » qui terminent La Paix de l’opéra est consacrée à l’idée de « reprendre sous œuvre » la plupart des anciens opéras ; la révision de la musique serait confiée à Rameau. Il y a deux passages où il est question de Quinault :

[…] on admire toujours Quinault, mais on sent que Lulli pouvoit mieux faire. (p. 38)

[…] nous sommes aujourd’hui dans une grande disette de bons Poëmes. (p. 39-40)

Pour le texte complet, on peut lire des images de pages ou une transcription.