Enfin la charmante Lisette

Enfin, la charmante Lisette

Sensible à mon cruel tourment,

A bien voulu dessus l'herbette

M'accorder un heureux moment.

Pressé d'une Charge si belle

Tendre gazon relevez-vous :

Il ne faut qu'une bagatelle

Pour allarmer mille Jaloux.


[Ces vers ne se trouvent dans aucune source du XVIIe siècle. Toutes les sources après les Lettres nouvelles de Boursault les attribuent à Quinault. Voir, à droite, ATTRIBUTION et NOTES.

SOURCES LITTÉRAIRES

A.  Edme Boursault, Lettres nouvelles de feu Monsieur Boursault ..., 2e éd., Paris, Nicolas Gosselin, 1700, t. II, p. 218-219

B.  Edme Boursault, Lettres nouvelles de feu Monsieur Boursault ..., 3e éd., Paris, François Le Breton, 1709, t. II, p. 218

C. Jean-Benjamin de La Borde, Essai sur la musique ancienne et moderne, Paris, Pierres et Onfroy, 1780, t. IV, p. 335

D. Nouvelle Bibliothèque de Société, Tome IV, Londres et Paris, Delalain, 1782, p. 11-12

E. Parny, Évariste Désiré de Forges, vicomte de, Oeuvres choisies de Parny, augmentées des variantes de texte et de notes  Paris, Lefèvre, 1827 p. 67

F. Antologie lyrique, vol. 2, Paris, Bechet, 1810-1811, p. 69

G. La chanson française du XVe au XXe siècle, avec un appendice musical, Paris, J. Gillequin, 1910, p. 105

H. Le Reporteur d'un évêque : lettres de Boursault à Monseigneur de Langres, éd. Émile Colombey, Paris, Librairies-imprimeries réunies, 1891, p. 177 ; réimp. Rennes, Ennoïa, 2004

I. Écrire l’actualité : Edme Boursault spectateur de la cour et de la ville, éd. Marie-Ange Croft et Françoise Gevrey, Reims, Épure, 2017, p. 378-379

ATTRIBUTION

A, B, H, I. Incertain. Voir la Note ci-dessous.

C, D, E, F, G. Quinault.

SOURCES MUSICALES

J. [Recueil d’airs manuscrits], F-Pn/ Vma ms 958, p. 164

K. "Vaudevilles, parodies, brunettes" de différents auteurs, à 1 voix sans basse continue, ms. fin 18e siècle, F-Pn/ Vm7 499, p. 21

L. Anthologie françoise, ou Chansons choisies, Depuis le 13e siècle jusqu’à présent, édité par Jean Monnet, [Paris, Barbou], 1765, 3 vol., Tome I, p. 73-74. (musique du timbre "Le jeune berger qui m'engage" ; voir ci-dessous)

M. Chansons tendres du XIIme au XVIIIme siècle, éd. E. Moullé, Paris, Rouart Lerolle et Cie, 1910, p. 42-43.

ATTRIBUTION

Pas d'attribution dans la source J.

K, L, M :  Quinault

Selon la source G, cet air se chantait sur le timbre "Le jeune berger qui m'engage". Voir Le Théâtre de la foire ou l'Opéra-comique de Le Sage et d'Orneval, t. II, p. 47 de la table des airs (no. 160) et t. VII, p. 33-34 de la table des airs (no. 77). Les deux versions sont légèrement différentes.

Les sources K, L ET M donnent la musique de ce timbre.

NOTES

   Pas de variantes, en dehors de l'orthographe et de la ponctuation.

   Ces vers sont cités dans une lettre de Boursault (1638-1701) à Louis-Marie-Armand de Simiane de Gordes, duc-évêque de Langres et pair de France, mort en 1695. Boursault cite cet air comme un exemple d'un texte moderne qui peut égaler ceux des anciens : "Racine & Despreaux, qui soûtiennent le party des Anciens jusqu'à effusion d'encre, ont fait de plus belles choses qu'eux. Un de mes amis, aussi sçavant & aussi poly qu'on le puisse être, & qui sçait les beautez du Grec comme celles du François, préfere Quinault à tous les Poétes Lyriques de la Gréce, & me soûtenoit encore hier qu'Anacréon, dont les vers sembloient être dictez par l'Amour, n'a rien fait de si galant que ce couplet de Chanson".

   Cette dernière phrase suggère que Quinault, préféré par l'ami de l'auteur, est l'auteur du "couplet de chanson" qui suit. Cependant, dans la source A (mais pas dans la source B), cette phrase est suivie d'une autre : "Si le nom de l’Auteur m’étoit connu je le mettrois icy pour luy attirer la gloire de vôtre estime." Si Boursault a supprimé cette phrase dans l'édition de 1709 (source B), aurait-il appris entre 1700 et 1709 que Quinault est l'auteur du couplet ?

   Selon une note de la source I, on a attribué ces vers à Mme Deshoulières, sous le titre "Le Gazon".

   Il y eut une édition des Lettres nouvelles de Boursault en 1697, mais la lettre avec les vers de Quinault n'y figure pas.

   On peut émettre l'hypothèse que cette lettre date de peu de temps avant 1695, date de la mort de l'Évêque de Langres. Comme elle ne figure pas dans les éditions publiées du vivant de l'Évêque, elle fut peut-être écrite après les six premières, publiées en 1697.

   L'éditeur des oeuvres de Parny (Jean-François Boissonade, selon le catalogue de la Bibliothèque nationale de France), donne cet air dans une note, après un passage de Parny qui pourrait en être une imitation :

    Mais sur le champ relevez vous ;

    De notre amoureux badinage

     Ne gardez point le témoignage :

    Vous me feriez trop de jaloux.

   Voir les louanges de ces vers dans l'Anthologie françoise éditée par Monnet, à la page Appréciations.

   Pour un commentaire ironique et satirique sur ces vers, voir Fraser's Magazine, vol. XXIX, janvier-juin 1844, p. 236-327.