Charles Perrault
Charles Perrault (1628-1703) était un ami et collèque de Quinault de longue date.
On consultera surtout les ouvrages de Marc Soriano consacrés à Perrault, dans la bibliographie.
L'ouvrage plus ancien d'André Hallays consacre quelques pages à la Querelle d'Alceste (143-146). L'appendice VIII, "Charles Perrault et Quinault", p. 271-274, consiste surtout en citations de la Vie de 1715 (réconciliation de Quinault avec Boileau) et du Parallèle (Perrault prend la défense de Quinault).
Lettre sur Alceste, 27 janvier 1674
La Critique d'Alceste (1674)
Les Hommes illustres (1696-1700)
Le Parallèle des Anciens et des Modernes (1688-1697) : Tome III (1692), En ce qui regarde la poésie
On peut le lire dans l'excellente édition moderne en ligne, sur le site Anciens et Modernes, et sur Gallica.
Sur Quinault, voir surtout les pages 237-242, où il s'agit :
du succès des premières pièces de Quinault ;
de la cabale d'un "certain nombre de personnes" qui trouvent ses opéras mauvais ;
du souper chez Lully où on essaie de le convaincre de renoncer à Quinault comme librettiste ;
de la critique que "les pensées n'en sont pas assez nobles, assez fines, ni assez recherchées, que les expressions dont il se sert sont trop communes et trop ordinaires, et enfin que son style ne consiste que dans un certain nombre de paroles qui reviennent toujours" ;
de la défense qu'on ne peut comprendre un texte chanté "à moins que les paroles, les expressions et les pensées ne soient fort naturelles, fort connues et fort usitées" .
Et cette phrase, p. 195 :
"Le Theatre materiel s'est embelli en mesme tems, & les Opera qui sont venus ensuite ont porté le tout au plus haut point, soit pour la beauté de la Poësie, qui en son genre a égalé les autres pieces dramatiques, soit pour la magnificence de la Scene & des spectacles que rien n'a jamais égalé".
Le Siècle de Louis XIV (27 janvier 1687)
Quinault n'est pas mentionné, mais voici la description de l'opéra lulliste :
Quand la toile se lève, et que les sons charmants
D’un innombrable amas de divers instruments,
Forment cette éclatante et grave symphonie,
Qui ravit tous les sens par sa noble harmonie,
Et par qui le moins tendre, en ce premier moment,
Sent tout son corps ému d’un doux frémissement ;
Ou quand d’aimables voix, que la scène rassemble,
Mêlent leurs divins chants et leurs plaintes ensemble,
Et par les longs accords de leur triste langueur,
Pénètrent jusqu’au fond le moins sensible cœur ;
Sur des maitres de l’art, sur des âmes si belles,
Quel pouvoir n’auraient pas tant de grâces nouvelles ?
Lettre à Boileau, en réponse au discours sur l'ode (1693)
Les traits de votre Satire ne sont pas aussi mortels que vous le pensez, on en voit un exemple dans M. Quinaut que toute la France regarde présentement, malgré tout ce que vous avez dit contre lui, comme le plus excellent Poëte Lyrique & Dramatique tout ensemble, que la France ait jamais eu.
Cette lettre parut dans Lettre à M. D*** [Despréaux, par Charles Perrault], touchant la préface de son Ode sur la prise de Namur, avec une autre lettre [à M. P***] où l'on compare l'ode de M. D*** avec celle que M. Chapelain fit autrefois pour le cardinal de Richelieu, sans lieu ni date, mais sans doute en 1693, peu de temps après le Discours sur l'ode et l'Ode sur la prise de Namur de Boileau, parus chez D. Thierry en 1693. Saint-Marc explique le sens de cette phrase dans une note de son édition des Oeuvres de Boileau (Amsterdam, J. Changuion, 1772, t. III, p. 72-73) :
C'est à ces paroles particuliérement, que M. Despréaux répond dans sa III. Réflexion Critique sur Longin, & voici ce qu'il y dit: « Que s'il (M. Perrault) loue en quelques endroits Malherbe, Racan, Molière, & Corneille, & s'il les met au dessus de tous les Anciens : Qui ne voit, que ce n'est qu'afin de les mieux avilir dans la suite, & pour rendre plus complet le triomphe de M. Quinaut, qu'il met beaucoup au-dessus ; & qui est, dit-il en propres termes, le plus grand Poëte que la France ait jamais eu pour le Lyrique, & pour le Dramatique &c ». Je ne sçais si quelqu'un peut se croire en droit d'accuser M. Despréaux de mauvaise foi dans la Dispute ; mais je sçais qu'on ne peut le sauver du reproche d'une inattention inexcusable. En comparant ce qu'il rapporte comme étant de M. Perrault, avec les propres paroles de cette Lettre, on voit qu'il fait dire à son Adversaire tout autre chose que ce qu'il a dit effectivement, soit ici, soit ailleurs. On ne trouvera rien dans les Ouvrages de M. Perrault qui puisse faire penser, qu'il ait été dépourvu de sens au point de regarder Quinaut comme le plus grand de nos Poètes, pour la Tragédie, pour la Comédie, & pour l’Opéra. C'est ce que signifient ses paroles de la maniere que M. Despréaux les rapporte. Mais de la maniere dont il s'exprime effectivement dans cette Lettre, il ne dit que ce que nous disons tous les jours, que Quinaut est le plus excellent Poëte Lyrique & Dramatique tout ensemble, que la France ait jamais eu. Ce tout ensemble, mis après Lyrique & Dramatique, détermine si bien la Phrase a signifier uniquement, que Quinaut est le meilleur de nos Poëtes pour le Dramatique Lyrique, c'est-à-dire, pour les Opéra, qui sont des Poëmes Dramatiques faits pour être chantés sur le Théâtre avec des accompagnemens de Symphonie, qu'il est étonnant que M. Despréaux ait pu s'y méprendre. Soyons, dans les Disputes, plus occupés du soin d'être fidèles, que de celui d'amuser. Le plus sûr est toujours de rapporter mot à mot les paroles de son Adversaire. DE ST. MARC.
Dans Les Hommes illustres, Perrault parle du "lyrique du théâtre".
Mémoires de ma vie, éd. Paul Bonnefon, Paris, Renouard, 1909
P. 32-34 sur le "Portrait d'Iris"
P. 134-136 sur la réunion avec Louvois après la mort de Colbert, sur l'avenir de la Petite Académie