Prise de Gand

SOURCE A:    

   On a examiné la description faite par feu Monsr. Quinault de la seconde medaille sur la prise de Gand, et Elle a esté arrestée.

    La prise de Gand jettâ les Ennemis dans une fort grande consternation, Ils connaissoient l’Importance de cette ville Capitale de la Flandre, et située sur trois rivieres au milieu d’un pays tres fertile. Ils virent qu’aprés l’avoir perdüe, Il ne leur estoit plus possible de faire subsister leurs trouppes, ny de conserver aucune communication avec leurs places maritimes où devoient aborder les puissans secours qu’ils attendoient d’Angleterre. Ainsy toutes leurs mesures estant rompües, Ils se virent reduits à la necessité d’accepter la Paix aux conditions que le Roy voulut bien luy mesme s’imposer.

    C’est le sujet de cette medaille ; une fille assise au milieu d’un parc de berger, et qui a prés d’elle un Lion, est le symbole de la ville de Gand. La prise de cette ville est marquée par la tristesse qu’on voit respandüe sur la figure qui la represente, et par le Trophée. Les mots de la Legende, Spes et opes hostium fractae, signifient les Esperances et les Forces des Ennemis détruites. Et ceux de l’Exergue, Gandavo Capta, veulent dire la ville de Gand prise. 1678.


SOURCE B:

PRISE DE GAND

Gand est situé sur trois riviéres. Plusieurs canaux coupent la ville, & forment plusieurs Isles aux environs. Elle fut investie le prémier de Mars par le Mareschal d’Humiéres. Dom Francisco Pardo, qui en estoit Gouverner, inonda tout le païs, mais par des saignées on fit escouler une partie de ces eaux dans l’Escauld, qui n’en fut que plus navigable pour le transport de l’Artillerie. Le Roy arriva au Camp le 4, & fit ouvrir la tranchée dés le lendemain. L’inondation & les pluyes continuelles n’empeschérent pas, qu’on ne poussast les travaux. Le 8, le Duc de Villeroy ayant pris l’espée à la main les demi-lunes & les dehors, la garnison estonnée capitula le 9, & se retira dans la Citadelle, qui fut aussi-tost assiégée. Le 12, comme on se disposoit à insulter la contrescarpe, & à atttacher le Mineur la nuit suivante, le Gouverneur n’attendit pas l’extrémité. Après la perte de cette importante Place, les Ennemis ne pouvant plus faire subsister leurs troupes, ni conserver aucune communication avec leurs Places maritimes, où devoient aborder les secours, que leur promettoit l’Angleterre, perdirent toute espérance, & reconnurent qu’ils ne pourroient obtenir la Paix qu’aux conditions que le Roy voudroit bien luy-mesme s’imposer.

    C’est le sujet de cette Médaille. On voit au milieu d’un Parc de Bergers, une Fille assise, & et ayant près d’elle un Lion, ce qui est le symbole ordinaire de la Ville de Gand. Elle est au pied d’un Trophée. La Légende, SPES ET OPES HOSTIUM FRACTAE, signifient, les espérances & les forces des Ennemis détruites. L’Exergue, GANDAVO CAPTO M. DC. LXXVIII. Gand pris. 1678.


SOURCE C:

1678.

LA PRISE DE GAND

Gand est situé sur trois riviéres. Plusieurs canaux coupent la ville, & forment plusieurs Isles aux environs. Elle fut investie le 1 de Mars par le mareschal d’Humiéres. Don Francisco Pardo, qui en estoit Gouverner, inonda tout le païs, mais par des saignées on fit escouler une partie de ces eaux dans l’Escauld, qui n’en fut que plus navigable pour le transport de l’Artillerie. Le Roy arriva au camp le 4 & fit ouvrir la tranchée dès le lendemain. L’inondation & les pluyes continuelles n’empeschérent pas, qu’on ne poussast les travaux. Le 8 le duc de Villeroy ayant pris l’espée à la main les demi-lunes & les dehors, la garnison estonnée capitula le 9 & se retira dans la Citadelle, qui fut aussi-tost assiégée. Le 12 comme on se disposoit à insulter la contrescarpe, & à atttacher le Mineur la nuit suivante, le Gouverneur n’attendit pas l’extrémité. Après la perte de cette importante Place, les Ennemis ne pouvant plus faire subsister leurs troupes, ni conserver aucune communication avec leurs Places maritimes, où devoient aborder les secours, que leur promettoit l’Angleterre, perdirent toute espérance, & reconnurent qu’ils ne pourroient obtenir la paix qu’aux conditions que le Roy voudroit bien luy-mesme s’imposer.

    C’est le sujet de cette médaille. On voit, au milieu d’un parc de bergers, une fille assise, & et ayant près d’elle un lion ; ce qui est le symbole ordinaire de la ville de Gand. Elle est au pied d’un trophée. La légende, SPES ET OPES HOSTIUM FRACTAE, signifie, les espérances & les forces des ennemis détruites. L’Exergue, GANDAVO CAPTO XII. MARTII M DC LXXVIII. Gand pris le 12 de Mars 1678.


SOURCES DE LA MÉDAILLE

A. Cabinet des Médailles de Paris, Série royale, no. 826 (argent), 827 (bronze), Diam. 71, 70 mill. La signature du graveur Molart figure en dessous de l'exergue.

B. Claude François Ménestrier, Histoire du roy Louis le Grand par les medailles, emblêmes, devises, jettons, inscriptions, armoiries, et autres monumens publics, Paris, Nollin 1689, f. 17, présente la même médaille que dans la source A et dans les registres de la Petite Académie, mais avec de légères différences. La légende et l'exergue sont les mêmes. La signature de Molart manque. La présentation de la médaille est différente de celle dans le dernier paragraphe de Quinault.

SOURCES DE LA DESCRIPTION

   La source A ne diffère qu'en quelques très petits détails des transcriptions de Jacquiot. Les deux recueils de Médailles sur les principaux événements sont disponibles sur Gallica.

   On notera que toutes ces sources sont postérieures à la mort de Quinault.

A. Registre Journal des Délibérations et des Assemblées de l’Académie royale des Inscriptions. Séance du Mardy 15 May 1696.

B. Medailles sur les principaux evenements du regne de Louis le Grand, avec des explications historiques, Paris, Imprimerie royale, 1702, p. 170

C. Medailles sur les principaux evenements du regne de Louis le Grand, avec des explications historiques, Paris, Imprimerie royale, 1723, p. 169

D. Josèphe Jacquiot, "Philippe Quinault, membre de la Petite Académie", dans Mélanges d'histoire littéraire (XVIe-XVIIe siècles) offerts à Raymond Lebègue, Paris, Nizet, 1969, p. 316

VARIANTES de la description

SOURCE B

    Le premier paragraphe de la source B, après une première phrase très courte, ajoute cinq phrases avec de nombreux détails sur le déroulement du siège de Gand. Ce passage est nettement plus long que tout le deuxième paragraphe de la source A.

    À partir de « Après la perte de cette importante place », ce paragraphe reprend la description de la source A, dans la phrase commençant « Ils virent qu’après l’avoir perdüe ». Le passage entre les mentions du secours d’Angleterrre (qui n’est plus « puissant ») et celle de la paix est récrit, sans doute pour abréger et pour ne pas commencer une nouvelle phrase (« Ainsy toutes leurs mesures […] » dans la source A).

    Le deuxième paragraphe de la source B est peu différent du dernier de la source A, sauf qu’on précise que le lion est le symbole « ordinaire » de la ville de Gand. La phrase sur la tristesse de la fille est supprimée.

SOURCE C

Le texte de la source C est presque identique à celui de la source B, en dehors de l’orthographe et des majuscules. La date du 12 mars est ajoutée.