Heudelinne
LES COUPS DE L’AMOUR ET DE LA FORTUNE. TRAGI-COMEDIE.
Augmentée de nouveau d'un PROLOGUE & EPILOGUE, mis en Musique par Monsieur Heudelinne
A ROUEN, JEAN-B. Besogne, ruë Ecuyere, au Soleil Royal.
Cette édition parut à Rouen vers 1700, selon Lavallière (Ballets, opéras [...], p. 31, 125). On y trouve le texte de la pièce de Quinault comme dans les éditions de son vivant, mais avec un prologue et un épilogue. La musique serait de Louis Heudelinne (actif 1696-1710), connu surtout pour sa musique pour violes. Je n'ai pas pu la localiser.
Le prologue se trouve aux pages 3-7, l'épilogue aux pages 65-66 (qui suivent la page 74).
L’AMOUR descend du Ciel, LA JALOUSIE vient le joindre, LA FORTUNE vient à sa rencontre, suivie DU HAZARD, Suite de l’Amour. Suite de la Fortune.
PROLOGUE en Musique, DES COUPS DE L’AMOUR ET DE LA FORTUNE
Le Theatre represente un Païsage.
LA FORTUNE.
Dans ces aimables lieux, Amour qui vous appelle ?
Y venez-vous percer un Amant de vos traits ?
L’AMOUR.
J’y viens servir l’Amant le plus fidele
Que l’on ait vû jamais.
LA FORTUNE.
Dans ces aimables lieux, Amour qui vous appelle ?
Y venez-vous percer un Amant de vos traits ?
L’AMOUR.
J’y viens servir l’Amant le plus fidele
Que l’on ait vû jamais.
L’Amant le plus fidele est toûjours malheureux.
L’AMOUR.
Quand un Amant est assûré de plaire,
Eust-il toûjours le sort contraire
C’est assez pour se croire heureux.
LA FORTUNE.
Vous qui troublez, Amour, le repos dela vie,
D’un cœur percé de vos coups,
Le sort pourroit il être doux ?
Helas ! sans cesse avec vous
Ne voit-on pas la Jalousie.
LA JALOUSIE.
Jamais Amant peut-il sans moi
Justifier l’excez de sa tendresse ?
Plus un credule Cœur dans mes feux s’interesse
Plus il donne à l’objet qui l’adore sans cesse
Des assurances de sa foy.
L’AMOUR & LA JALOUSIE.
Que d’un cœur fidele & sensible
On voit avec plaisir l’agreable retour !
Mais est il de ses feux une preuve infaillible
Sans la Jalousie & l’Amour.
LE HAZARD.
Sans le Hazard & la Fortune
Que pourroient les plus tendres soins ?
C’est moi qui toûjours des témoins
Bannis la presence importune,
Et qui fais des heureux quand on le croit le moins.
L’AMOUR.
Ah ! sans vous Déesse inconstante
Que les Amans toûjours auroient d’heureux instans !
Le Hazard qui vous suit, helas des plus constans.
Perd souvent la plus douce attente.
LE HAZARD
Je me plais, je l’avouë, à surprendre les Cœurs
Quand la Fortune le commande :
Mais plus la surprise est grande,
Plue l’on en goûte les douceurs.
LA FORTUNE.
Unissons-nous, Amour.
L’AMOUR.
Unissons-nous Fortune.
LA FORTUNE, L’AMOUR, & LE HAZARD.
Faisons les Plaisirs de ce jour.
L’AMOUR.
Que de mes Coups la gloire soit commmune
Avec les Coups de la Fortune.
LA FORTUNE.
Que de mes Coups la gloire soit commune
Avec les Coups de l’Amour.
LE CHŒUR.
Unissez-vous, Amour, unissez-vous Fortune,
Que de vos Coups la gloire soit commune
Faites les Plaisirs de ce jour.
EPILOGUE EN MUSIQUE.
Le Theatre represente un Palais.
L’HIMEN, L’AMOUR, LES JEUX, & LES PLAISIRS.
L’HIMEN.
Amans que vous êtes heureux,
Aprés les rigueurs inhumaines
Dont la Fortune a ffavorisé vos feux ;
L’Hymen avec l’Amour vient couronner vos peines,
Amans que vous êtes heureux,
L’AMOUR.
Il améne avec lui les Plaisirs & les Jeux,
Il est doux de porter les chaînes
Quand l’Amour en forme les nœuds.
Entrée des Jeux & des Plaisirs.
L’HIMEN & L’AMOUR.
Il est doux de porter sa chaine
Quand l’Amour en forme les nœuds.
LE CHŒUR.
Il est doux de porter ses chaine
Quand l’Amour en forme les nœuds.
Ah que les peines sont charmantes
Qui produisent tant de Plaisirs !
L’HIMEN.
Ah que deux Ames sont contentes
De voir la fin de leurs soupirs !
L’AMOUR.
Tout cede au pouvoir de mes armes.
L’HIMEN.
C’est moi qui des Amans fais le plus heureux jour.
L’AMOUR.
Les douceurs de l’Himen ont sans moi peu de charmes.
L’AMOUR & L’HIMEN
Heureux deux Cœurs unis par l’Hymen & l’Amour.
L’AMOUR
Heureux l’Amant qui persevere,
Et qu’une beauté severe
Ne peut obliger
A changer.
Heureux Aurore, heureux Roger.
LE CHŒUR.
Heureux Aurore, heureux Roger.