Jal, préface
Jal consacre deux paragraphes de sa préface à la "querelle" entre Paris et Felletin pour la naissance de Quinault, qu'il évoquera plus longuement dans son Dictionnaire, p. 1027.
Les habitants de la petite ville de Feletin, par un zèle qu'on ne saurait blâmer, ont élevé à la mémoire de « leur compatriote » Philippe Quinault un monument qui témoigne de leur goût, moins sévère que celui de Boileau, pour la poésie appliquée au drame lyrique. Le gouvernement s'est associé avec empressement à la pensée patriotique des habitants de la Creuse ; il a fait exécuter le buste de Quinault qui devait être érigé sur la place publique de Feletin ; puis il a permis à l'autorité de préparer une fête pour /p. 4/ l'inauguration de cette figure de pierre, guindée sur une fontaine, et de faire de la rhétorique reconnaissante au pied du monument ; tout cela est à merveille. Mais Quinault n'est pas né à Feletin, comme on s'en flatte là-bas ; Paris le réclame. Il est né dans la boutique d'un boulanger de la rue de Grenelle, sur la paroisse Saint-Eustache. Cela n'est pas indifférent aux Feletinais, qui en sont pour la dédicace d'une fontaine utile – c'est l'essentiel – et pour leur éloquence, alors que le ministre de l'intérieur en est pour son adhésion et pour son buste.
Dictionnaire critique (1872), p. 3-4