Mme de Genlis
Son admiration et son amitié pour Boileau ne l'empêchèrent pas d'apprécier les talens de Quinault. Ce poète ne composa jamais un opéra, sans apporter au roi plusieurs plans de poèmes, et le choix du monarque fixoit toujours le sien. Un soir, chez madame de Maintenon, il présenta deux sujets d'opéra : Armide, et Macarie, fille d'Hercule. Armide fut préférée par madame de Maintenon, et, peu de temps après, on vit paroître le plus beau poëme de Quinault. Nous devons cet ouvrage, ainsi que tant d'autres chef-d'œuvres en tout genre, au goût exquis de madame de Maintenon. Duché et plusieurs autres poètes, encouragés et récompensés par elle, travaillèrent pour Saint-Cyr, et donnèrent, sous ses auspices, Jephté, Absalon, Débora, etc. Les premières lectures d'Esther et d'Athalie furent faites dans son cabinet. On sait qu'elle sentit seule alors toute la grandeur, toute la beauté d'Athalie, et que, malgré la longue injustice du public à cet égard, elle persista toujours à trouver cette pièce sublime. C'est un titre de gloire littéraire, qui vaut mieux que tous ceux que les femmes auteurs ont pu acquérir avant et depuis elle. Lorsqu'un si grand nombre de bons juges admiroient tant madame de Maintenon, que devoit penser le roi qui la connoissoit mieux encore, et qui n'aimoit qu'elle ?
Madame de Maintenon, pour servir de suite à l'Histoire de la duchesse de La Vallière (Paris, Madaran, 1806), t. II, p. 140.
Sur le choix du sujet d'Armide, voir la page consacrée à cette tragédie en musique.