Durey de Noinville
Jacques Bernard Durey de Noinville (1683-1768) et Louis Travenol, Louis (1698?-1783)
Histoire du théâtre de l’Académie Royale de Musique en France, depuis son établissement jusqu’au présent, seconde édition, Paris, Duchesne, 1757 (Une première édition, sous un titre légèrement différent, parut chez Joseph Barbou en 1753)
L'article sur Quinault se trouve aux pages 182-184. On y lit qu'il a souvent été question de Quinault "au commencement de cette histoire". Il s'agit sans doute des pages consacrées à Lully (27-73). Par exemple, p. 29-30 :
Nous observerons ici, au sujet des paroles, malgré la critique que Boileau & d'autres Auteurs ont faite de ce Poëte, il ne s'en est presque point trouvé d'autres depuis, qui aient pu imiter son style lyrique, & qui aient donné des paroles convenables pour les Opera ; car il est certain que les belles paroles font les premiers fondemens de la belle Mufique. Lully qui connoissoit le mérite de Quinault laissa fronder la critique, & sçut profiter des talens de ce Poëte pour faire valoir fa Mufique; & quoique l'envie ait pû dire fur les Opera de la composition de Quinault, ils feront l'admiration de tous les siécles.
et p. 43 :
Le Musicien rendoit justice au Poëte, jamais homme n'a mieux manié cette forte de versification que lui: Lully avoit raison de dire que Quinault étoit le seul Poëte qui pût l'accommoder, & qui sçût aussi-bien varier les mesures & les rimes dans la Poësie, qu'il sçavoit varier les tours & les cadences en Musique : l'on peut assurer que le Musicien a fait valoir le Poëte, & le Poëte le Muficien.
Sur cette Histoire, voir l'article de Herbert Schneider dans Le Répertoire de l'Opéra de Paris (1671-2009). Analyse et interprétation, p. 53-62
QUINAULT, (Philippe) Auditeur de la Chambre des Comptes de Paris, de l'Académie Françoise, où il fut reçu en 1670 à la place de François-Henry Salomon, Président à mortier au Parlement de Guyenne.
Il naquit à Paris l'an 1635 avec un talent si heureux pour la Poësie Françoise, qu'il composa, dès l'âge de 18 ans, des Comédies très-agréables ; Tristan-l'Hermite, qui avoit vieilli dans la carriere du Théâtre, se fit un plaisir de le former dans le genre Drammatique, où Quinault s'acquit une grande réputation ; & il n'avoit pas encore 30 ans, qu'il avoit déja donné seize Piéces au Théâtre François, toutes en Vers & en cinq Actes, que le Public reçut favorablement. Mais ce qui a le plus contribué à la grande réputation que Quinault s'est acquise, sont les Piéces Lyriques qu'il a composées pour l'Opera, au nombre de XIV. qui sont,
1. Les Fêtes de l'Amour & de Bacchus, Pastorale en trois Actes & un Prologue, représentée en 1672. - 2. Cadmus Tragédie, 1673. - 3. Alceste, T. 1674. - 4. Thesée, T. 1675. - 5. Atys, T. 1675. - 6. Isis, T. 1677. -7. Proserpine, T. 1680. - 8. Le Triomphe de l'Amour, Ballet en 24 entrées, 1680. - 9. Persée, T. 1682. - 10. Phaeton, T. 1683. - 11. Amadis, T. 1684.-12. Roland, T. 1685. - 13. Le Temple de la Paix, Ballet en six entrées 1685. -& 14. Armide, T. 1686.
Tous ces Opera ont été mis en Musique par Jean-Baptiste Lully, comme nous l'avons dit dans sa vie ; nous y renvoyons le Lecteur; & à ce que nous avons dit de Quinault au commencement de cette Histoire, nous ajouterons seulement que Quinault mourut à Paris, le 26 Novembre 1688 âgé de 53 ans, après avoir exercé sa charge d'Auditeur des Comptes pendant 17 ans, avec beaucoup d'honneur. Son corps fut porté le 28 en l'Eglise de S. Louis dans l'Isle sa Paroisse. Il fut généralement regretté, non-seulement à cause de sa probité, mais parce que la République des Lettres perdoit en lui un des plus beaux génies pour la Poësie Lyrique, & que jusques ici aucun Poëte n'a pu remplacer.
Voyez la vie de Quinault à la tête de ses Œuvres de Théâtre imprimées à Paris, Ribou. 1715. en cinq vol. in-8°. - Morery, - Histoire de l'Académie Françoise, par M. l'Abbé d'Olivet, T. II. p. 251. - Les Hommes Illustres de Perrault, T. I. p. 81. Le Parnasse François par M. Titon du Tillet, p. 406.- Bibliothéque des Théâtres par Maupoint, p. 38. - Recherches sur les Théâtres de France par Beauchamps, T. II. p. 283 & T. III. p. 205. - Bibliothèque Poëtique, T. II. p. 310.