Festin dans l'Hôtel de Ville

SOURCE A:

   On a examiné la description faite par feu Monsr. Quinault de la Medaille sur ce que le Roy, aprés sa guerison, vint disner à l’Hostel de Ville à Paris, et Elle a esté arrestée.

    Le Roy après sa guerison, vint de Versailles à Paris rendre graces à Dieu dans l’Eglise Nostre Dame, et pour monstrer combien Il estoit sensible à l’amour que ses sujets luy avoient tesmoigné par tant de vœux ardents qu’ils avoient faits pour le restablissement de sa santé, il alla ce mesme jour avec la Famille royale disner à L’Hostel de Ville où on luy fit un festin magnifique. Toutes les rües par où Il passa, furent remplies d’une prodigieuse multitude de peuple qui fit éclatter par des acclamations extraordinaires la joye dont Il estoit transporté à la veüe d’un Prince si necessaire à son bonheur. Sa Majesté respondit à ces tesmoignages d’affection par de grandes marques de bonté et de tendresse. Elle voulut estre servie à table par les officiers de La Ville, et Il n’eut ce jour-là d’autres gardes que le peuple mesme.

    C’est le sujet de cette Medaille ; on y voit le Roy assis soûs un Dais ; Il a devant luy une Table à l’antique, sur laquelle une Femme couronnée de Tours, et qui represente la ville de Paris, pose avec respect une corbeille pleine de fruits. Le Roy avance la main pour en prendre, et tesmoigne estre touché du zele que vette femme luy fait paroistre. Les paroles de la Legende, Regis et Populi Amor Mutuus, signifient l’amour reciproque du Roy et du Peuple Celle de l’Exergue, Lutetia felix. XXX. Jan. veulent dire, la Ville de Paris dans la Joye. 1687.


SOURCE B :

FESTIN FAIT AU ROY DANS L'HOSTEL DE VILLE

Le Roy, après sa guérison, vint de Versailles à Paris rendre graces à Dieu dans l’Eglise de Nostre-Dame. Et pour montrer combien il estoit sensible à l’amour, que ses Sujets luy avoient tesmoigné dans les vœux ardents, qu’ils avoient faits pour le restablissement de sa santé, il alla le mesme jour disner à L’Hostel de Ville, où on luy fit un repas magnifique. Toutes les ruës, sur son passage, estoient remplies d’une multitude innombrable de peuple, dont les acclamations extraordinaires firent éclater la joye, qui le transportoit à la veuë d’un Prince, qu’il avoit tant apprehendé de perdre. Sa Majesté respondit à ces tesmoignages d’affection par de grandes marques de bonté & de tendresse. Il voulut n’estre servi à table que par les principaux Officiers de la Ville, & n’avoir ce jour-là d’autres Gardes que le peuple mesme, dont il se voyoit si tendrement aimé.

   C’est le sujet de cette Medaille. On y voit le Roy assis sous un Dais. Il a devant luy une Table, où la ville de Paris pose avec respect une Corbeille pleine de fruits. Les paroles de la Légende REGIS ET POPULI AMOR MUTUUS, signifient amour reciproque du Roy & du peuple. Celles de l’Exergue, REGIUM IN URBE EPULUM CIVIBUS PRAESIDIUM ET MENSAM PRAEBENTIBUS. M. DC. LXXXVII. veulent dire, le Roy reçeû, & gardé par son Peuple à L’Hostel de Ville 1687.


SOURCE C :

1687.

FESTIN FAIT AU ROY DANS L'HOSTEL DE VILLE

Le Roy, après sa guérison, vint de Versailles à Paris rendre graces à Dieu dans l’Eglise de Nostre-Dame. Et pour montrer combien il estoit sensible à l’amour que ses sujets luy avoient tesmoigné, dans les vœux ardents qu’ils avoient faits pour le restablissement de sa santé, il alla le mesme jour disner à L’Hôtel de Ville, où on luy fit un repas magnifique. Toutes les ruës sur son passage estoient remplies d’une multitude innombrable de peuple, dont les acclamations extraordinaires firent éclater la joye, qui le transportoit, à la veuë d’un Prince qu’il avoit tant apprehéndé de perdre. Sa Majesté respondit à ces tesmoignages d’affection par de grandes marques de bonté & de tendresse. Il voulut n’estre servi à table que par les principaux Officiers de la Ville, & n’avoir ce jour-là d’autres gardes, que le peuple mesme, dont il se voyoit si tendrement aimé.

   C’est le sujet de cette Medaille. On y voit le Roy assis sous un dais. Il a devant luy une Table, où la ville de Paris pose avec respect une corbeille pleine de fruits. Les mots de la Légende, REGIS ET POPULI AMOR MUTUUS, signifient amour reciproque du Roy & du Peuple. Ceux de l’Exergue, REGIUM IN URBE EPULUM CIVIBUS PRAESIDIUM ET MENSAM PRAEBENTIBUS. M. DC. LXXXVII. veulent dire, le Roy reçeû, & gardé par son Peuple à L’Hostel de Ville 1687.


SOURCES DE LA MÉDAILLE

A. Cabinet des Médailles de Paris, Série royale, no. 944 (argent), 945 (bronze), Diam. 71 mill.

B. Le manuscrit de Londres, dans Jacquiot, p. 448, et les registres de la Petite Académie donnent comme légende URBIS SUAE AMOR ET DELICIAE, et comme exergue OPTATA REGIS PRAESENTIA.


SOURCES DE LA DESCRIPTION

   La source A ne diffère qu'en quelques très petits détails des transcriptions de Jacquiot. Les deux recueils de Médailles sur les principaux événements sont disponibles sur Gallica.

   On notera que toutes ces sources sont postérieures à la mort de Quinault.

A. Registre Journal des Délibérations et des Assemblées de l’Académie royale des Inscriptions. Séance du Mardy 18 mars 1698

B. Medailles sur les principaux evenements du regne de Louis le Grand, avec des explications historiques, Paris, Imprimerie royale, 1702, p. 219

C. Medailles sur les principaux evenements du regne de Louis le Grand, avec des explications historiques, Paris, Imprimerie royale, 1723, p. 220

D. Josèphe Jacquiot, "Philippe Quinault, membre de la Petite Académie", dans Mélanges d'histoire littéraire (XVIe-XVIIe siècles) offerts à Raymond Lebègue, Paris, Nizet, 1969, p. 317-318

E. Josèphe Jacquiot, Médailles et jetons de Louis XIV d’après le manuscrit de Londres, Paris, Imprimerie Nationale ; Klincksieck, 1968,  vol. III, p. 448

VARIANTES de la description

    La légende et l'exergue sur la médaille reproduite dans les registres de l'Académie des Inscriptions (source A) ne sont pas ceux du texte de la description.


SOURCE B

    Le texte du premier paragraphe de la source B est similaire à celui du deuxième de la source A. Les différences les plus importantes sont l’ajout de « dont il se voyoit si tendrement aimé » à la fin, et la modification de « si necessaire à son bonheur » en « qu’il avoit tant apprehendé de perdre ». Il y a aussi quelques modifications stylistiques, comme « repas » au lieu de « festin » et « innombrable » au lieu de « prodigieuse ».

  Le second paragraphe est beaucoup plus court, avec moins de détails dans la description de l’image. On ne précise pas qu’une femme couronnée de tours représente la ville de Paris, ni que le roi avance sa main. L'exergue dans la description est différent.


SOURCE C

    Le texte de la source C ne diffère de celui de la source B, en dehors de la ponctuation et des majuscules, qu'en la subsitution de « mots » à « paroles » au deuxième paragraphe.