Beauchamps

Les Recherches sur les théâtres de France […] (3 vol., Paris, Prault, 1735) de Pierre-François Godard de Beauchamps (1689-1761) sont une des premières sources plus ou moins complètes pour l’histoire du théâtre, parlé et chanté, au dix-septième siècle. L’historien consacre les pages 289-284 du tome II au théâtre parlé de Quinault et 203-213 du tome III aux opéras.

 

Il s’agit surtout d’une liste de titres et de dates, mais Beauchamps ajoute souvent un commentaire sur le succès d’une pièce (Agrippa, Astrate, La Mère coquette, Pausanias) ou sur le fait qu’elle fut sifflée (Bellérophon).  Quant aux opéras, il consacre quelques lignes sur les différents composants des Fêtes de l’Amour et de Bacchus, sur le succès de Bellérophon (paroles de Thomas Corneille) et sur les danseurs –surtout les danseuses – du Triomphe de l’Amour.

 

Dans son article sur Donneau de Visé (II, p. 368-369), il résume le débat sur les deux versions de La Mère coquette. Ce n’est pas un mince compliment que quelques connaisseurs font à notre poète en comparant sa pièce à celles de Molière.


   Du Lorens semble donner la préference à la piece de de Visé, quoi qu'aujourd'hui celle de Quinault reparoisse avec succès sur notre théatre, & que les connoisseurs la mettent à côté de celles de Moliere ; honneur que personne n'a jamais fait à celle de de Visé, qui est restée dans l'oubli, avec beaucoup d'autres.

   De Visé se plaint dans sa preface, qu'on lui a volé son sujet, & se felicite d'avoir été assez heureux pour inventer un sujet qui ait pû servir d'idée à un auteur dont la réputation est si bien établie.

   Ceux qui voudront sçavoir plus particuliereinent ses motifs de plainte, & ce qu'il répond aux raisons que Quinault alleguoit pour se justifier, peuvent parcourir sa preface ; ce qu'il y a de certain, c'est que les deux pieces ont eu du /p. 369/ succès. Celle de de Visé, quoique la moins bonne, a été plus suivie à la dix-huitiéme représentation qu'à la premiere, & a plus duré, suivant du Lorens, sur le théatre du palais roïal, que celle de Quinault à l'hôtel de Bourgogne.

 

[Du Lorens est le pseudnyme du gazetier Robinet, auteur de la lettre du 29 novembre 1665 qui nous apprend que la pièce de De Visé est resté quelques jours sur la scène du Palais-Royal après que les comédiens de l’Hôtel de Bourgogne eut « plié bagage ». À cause de ce pseudonyme, Robinet est parfois confondu avec un autre gazetier, Jacques Laurent. Le satiriste Jacques Du Lorens est mort en 1655.]