Bellocq

Pierre de Bellocq (1646-1704), valet de chambre ordinaire du roi de 1688 à 1704, connaissait bien la cour, où il faut élevé. Il comptait Molière et Racine parmi ses amis. Boileau aussi, mais cela ne l'empêcha pas d'écrire une satire contre lui en réponse à la Satire des femmes.

Les Petits-Maistres, satire, parut chez Barbin en 1694. Bellocq se moque des jeunes élégants aux manières affectées, chers à Marivaux. Dans cet extrait, c’est le petit-maître, qui se pique d’être capable de faire les vers et la musique d'un opéra, qui parle et qui nous donne une idée des scènes les plus admirées des opéras de Quinault et de Lully.

Les pleurs de Sangaride sont dans Atys, la rage de Médée dans Thésée, la plainte de Syrinx dans Isis, les regrets de Cérès dans Proserpine.


Castil-Blaze citera le même passage dans sa critique des « musiciens eunuques de nos jours », les « faiseurs privilégiés » (L’Académie impériale de musique t. II, 1855, p. 274-275).


Je le cite d'après l'édition de 1694. On peut le lire dans Les Satires françaises du XVIIe siècle, éd. F. Fleuret et L. Perceau, Paris, 1923 et Classiques Garnier, 2014, t. II, p. 208-215.


[...]

Je feray plus encor si la mouche me pique,

Et je composeray les Vers & la Musique :

L’effort est-il si grand ? s’il falloit exceller,

Peut-estre aurois-je tort de vouloir m’en mêler :

Mais j’ay de la memoire, & je sçauray de reste

A Cadmus dépecé, coudre un lambeau d’Alceste,

J’enteray les morceaux le moins mal assortis,

La bataille des vents sur les songes d’Atys,

Joignant les pleurs d’Isis à ceux de Sangaride,

La rage de Médée à la fureur d’Armide,

La plainte de Syrinx aux regrets de Cerés,

Je feray ….. je feray comme a fait Desmarets.

Nous sommes tous égaux par la mort de Baptiste ;

L’Opéra de Larcins uniquement subsiste,

Et le Palais Royal en a souvent joüez.

Que le Pont-neuf luy-même auroit desavoüez ;

Avec éclat pourtant on les a veus paroistre :

[…]