Galerie historique

Charles-Paul Landon est connu surtout, selon l’Inventaire du fonds français des gravures après 1800 de la BnF, comme « éditeur des collections gravées au trait par différents artistes d’après les grands Maîtres. Très estimées à l’époque, à cause de la ‘pureté du dessin’ ». Parmi ces collections est La Galerie historique des hommes les plus célèbres de tous les peuples et de toutes les nations, contenant leurs portraits au trait d'après les meilleurs originaux..., 926 portraits, Paris, chez C.P. Landon et chez Didot, 1805-1811, 16 vol.

 

Le portrait de Quinault figure au tome XII de l’exemplaire du Département des Estampes de la BnF, cote Ne-51. La gravure est signée, en bas à gauche et à droite, « Edelinck delt. Landon dirext. » (Landon a dirigé). En haut, à droite, on lit « Tome XXXVI. Page 420 ». Cette indication ne figure pas sur l’estampe des archives de l’Académie Française, qui, à ce détail près, est identique.

 

Dans l’édition en 13 volumes chez Treuttel et Würtz, le portrait de Quinault figure au tome IX. Les pages ne sont pas numérotées, mais c’est le dernier article du volume.

QUINAULT.

« J'étais fort jeune, dit Boileau dans une de ses lettres, quand j'écrivis contre M. Quinault, et il n'avait fait aucun des ouvrages qui lui ont acquis depuis une juste réputation. » Il faut voir dans cet aveu une véritable rétractation, car c'étaient ces mêmes ouvrages que Boileau avait désignés par les vers si connus de la dixième Satire,


Et tous ces lieux communs de morale lubrique,

Que Lulli réchauffa des sons de sa musique:

 

Vers que M. de la Harpe a fort heureusement retournés ainsi :

Ces accords languissans, cette faible harmonie,

Que réchauffa Quinault des feux de son génie.


Au demeurant, que Boileau ait ou non senti le charme d'Atys, d'Armide, de Roland, d'Isis, de Proserpine, etc. ; qu'il ait été injuste envers le poète, ou seulement trop sévère envers le genre, ce qui est bien plus vraisemblable ; il n'est pas moins certain que Quinault, doit être compté, comme le dit Voltaire, au nombre des grands hommes qui illustrèrent le siécle éternellement mémorable de Louis XIV. Il a vraiment créé le drame lyrique, et il n'a pas été surpassé dans ce genre, quoiqu'il ait eu pour successeurs des hommes de mérite : c'est là surtout ce qui a fait reconnaître le sien. Quinault travailla très-jeune pour le théâtre. Il fit des tragédies, et malheureusement pour lui deux ou trois de ses pièces, non moins mauvaises que les autres, eurent un grand succès. Ce fut assez pour allumer le courroux d'un homme qui, comme Boileau, s'était formé l'idée de la perfection de l'art, avant même que Racine la réalisât sur la scène et donnât Andromaque. Aussi les premières satires firent-elles justice de l'auteur d'Astrate. Quinault réussit mieux dans la comédie. Profitant des leçons de Molière, il donna la Mère coquette, et cette pièce est restée au théâtre. Enfin les fêtes de Louis XIV, en associant les talens de ce poète à ceux du musicien Lulli, appelèrent Quinault dans la carrière où son talent devait briller avec éclat. Il composa des tragédies lyriques, et dès-lors il mérita une place parmi nos meilleurs écrivains. Intéressant dans le choix de ses sujets, ingénieux, riche et varié dans ses plans, et surtout facile, doux, harmonieux, plein de grâce et de délicatesse dans son style, il créa et sut employer tout ce que le genre peut offrir de beautés. Cependant on crut assez longtemps qu'il devait à Lulli presque toute sa réputation. Aujourd'hui, on ne chante plus la musique de Lulli, et on lit toujours Quinault. Cet auteur, né en 1636, avait été destiné à la profession d'avocat. Un riche mariage le mit en état d'acheter une charge d'auditeur des comptes. Il eut part aux bienfaits de Louis XIV, fut reçu à l'Académie française en 1676, et mourut en 1688.