A SON ALTESSE
DE
CONTY ODE. Illustre Ornement de l’Histoire, Grand PRINCE ! je dois protester Que si j’ose écrire à ta gloire, C’est sans espoir de l’augmenter. Qui plus loin la voudroit estendre, Ne pourroit jamais entreprendre Un plus temeraire projet ; Et si ma Plume ingenieuse Te prend icy pour son objet, C'est que ma Veine ambitieuse N'a pû pour se rendre fameuse Prendre un plus glorieux sujet. Quelque autre possible en ma place Feroit scrupule de choquer Les Divinitez du Parnasse Qu'on a coustume d'invoquer. On tient que ces Filles sçavantes, Par des inventions charmantes, Changent les defauts en beautez ; Pour moy, de ces Nimphes propices Je méprise icy les clartez, Qu'elles gardent leurs bons offices. Je n’ai pas besoin d’artifices Pour écrire des veritez. Je laisse aux curieuses plumes Le recit des faits glorieux Dont l’Histoire enfle ses Volumes A la gloire de tes Ayeux. Estre du sang de ces Monarques, Qui se font par d'illustres marques Autant cherir que redouter, De ces Roix qui par leur courage Ont tousjours eu droit de compter Cét Empire pour leur partage, Ce n'est que le moindre avantage De ceux dont tu te peux vanter. La Fortune fut sans caprice Au moment qu’elle te fit don, Avecque si grande justice, Du nom Auguste de BOURBON. Quoy que ce Nom incomparable Semble estre si considerable Qu'il ne puisse augmenter de prix ; Quoy que du couchant à l'Aurore, Il estonne tous les esprits, L'on s'abuse, si l'on ignore Qu'un jour tu le dois rendre encore Plus fameux que tu ne l’as pris. Je croirois te faire un outrage Si je te voulois comparer A ces Heros du premier âge, Que la Fable a fait reverer. Dans quelques endroits de la terre, Où tu veilles porter la guerre Pour la gloire de nostre Roy, L'Ennemy fust-il indomptable Tu sçauras le combler d'effroy ; Et si le Sort t'est favorable, Ce que de Mars a dit la Fable, L'Histoire le dira de toy. Je me sens forcer au silence Touchant ton Esprit sans pareil, Qui possede la connoissance De tout ce que void le Soleil. C'est une Merveille estonnante, De qui la lumiere éclattante Eblouyt au lieu d'éclairer, Un Feu qui sçait par tout s'estendre, Mais qu'on ne sçauroit figurer ; Et dont l'esclat nous vient surprendre Bien moins pour se faire comprendre Qu’afin de se faire admirer.
QUINAULT
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